Tout comme à Liège, des lycéens bruxellois s’auto-organisent autour de leurs propres revendications. Ils se sont rassemblés à la suite des grèves de l’enseignement et plus largement suite à l’essor de la lutte de classe contre Arizona. C’est un symptôme d’une volonté de lutte grandissante parmi une partie de la jeunesse. Les communistes révolutionnaires, saluons ces initiatives. Nous voulons les faire connaître parmi d'autres jeunes et les aider - en respectant leur indépendance - selon leurs besoins et nos moyens. Lisez ci-dessous deux entretiens que nous avons réalisés lors de la dernière grève des enseignants début avril.
« On agit en tant que jeunesse concernée par l’avenir de la société »
Entretien avec des élèves du Lycée Intégral Roger Lallemand (L.I.R.L.) du Collectif de la Jeunesse Indépendante :
Pourquoi êtes-vous ici aujourd’hui ?
« Ce matin, à 9h30, on s’est retrouvés devant l’école pour distribuer des tracts, coller des affiches, et parler aux autres élèves. On a réussi à mobiliser des élèves de toutes les années, même ceux qui n’étaient pas politisés. On a aussi été présents au piquet de grève des profs dès 7h30 pour montrer notre soutien. C’était un vrai moment de discussion et de solidarité. »
« On est ici pour soutenir nos enseignants, bien sûr, mais aussi pour nous-mêmes et pour nos camarades qui sont en qualifiant. On est directement concernés par la réforme de l’enseignement menée par Glatini, et on veut faire entendre notre voix. »
Est-ce la première fois que vous participez à une manifestation ?
« Non, pas du tout. Cela fait un moment qu’on est engagés. On a même commencé à former un collectif dans notre école depuis deux ou trois mois, qui s’appelle Collectif de la Jeunesse Indépendante. Il est encore en construction, mais on prévoit de lancer un compte Instagram pour informer, mobiliser et coordonner des actions, comme celle d’aujourd’hui. Le but, c’est de créer une structure militante et horizontale entre toutes les écoles, qu'elles soient générales, techniques ou qualifiantes.
On veut que ce collectif dépasse le cadre de notre école. On veut créer un collectif de secondaires plus large, qui regroupe des élèves de plusieurs établissements. On a des contacts avec Saint-Luc,avec l’Inraci, et d’autres écoles. Il y a aussi des élèves de Decroly qui souhaitent nous rejoindre. Mais on aimerait vraiment élargir le mouvement, aller au-delà de notre cercle habituel. »
Quelles sont les revendications du collectif ?
On a une charte avec des revendications de base, mais elle est en constante évolution. Ce qu’on fait, c’est réfléchir ensemble, construire nos opinions, développer notre esprit critique. Notre lutte est intersectionnelle : on parle des réformes de l’enseignement, mais aussi de violences policières, de justice sociale... On était d’ailleurs présents à la grève générale du 31 mars pour aller à la rencontre des piquets dans l’enseignement, la culture, l’ULB, etc. On veut que ce soit un lieu où la jeunesse peut s’exprimer, réfléchir et s’organiser, au-delà du statut d’élève. On agit en tant que jeunesse concernée par l’avenir de la société, pas juste en tant qu’élèves d’une école.
Et comment comptez-vous vous organiser pour toucher plus d’écoles ?
« On pense créer un compte Instagram pour faire connaître le collectif. On a aussi envisagé de faire une sorte de “tournée” dans les écoles, peut-être un jour où on ne va pas en cours, pour présenter notre collectif et inviter d’autres à nous rejoindre. On a plein d’idées, mais il faut encore les mettre en place. On espère que ça aboutira d’ici la fin de l’année. »
« On veut vraiment structurer notre collectif, qu’il devienne un espace où tous les élèves secondaires peuvent parler de ce qu’ils vivent à l’école, des injustices qu’ils rencontrent. On veut aussi informer sur les réformes éducatives en Belgique. Le collectif s’appelle Jeunesse Indépendante, et on veut que chacun puisse s’y exprimer librement et s’organiser.
Où vous réunissez-vous ?
Quand il fait beau, on se retrouve à la Place Morichar (Saint-Gilles). La semaine prochaine, on aura notre première réunion au DK avec des élèves d’autres écoles. L’idée, c’est de créer un véritable espace inter-écoles, pour que la mobilisation ne soit pas isolée mais partagée et durable.
« Il faut qu’on soit solidaires et qu’on pousse ensemble pour un changement réel et profond »
Entretien avec Kurtis (AR Gatti de Gammond)
Pourquoi participer à la grève ?
Je suis ici pour défendre les droits des élèves, de mes amis, mais aussi des enseignants. C’est important que ceux qui méritent puissent accéder à la 7e année, qu’ils aient le droit de construire leur avenir sans être freinés par les décisions du gouvernement. Il est essentiel que chacun ait la possibilité de poursuivre ses études dans de bonnes conditions.
Comment vous êtes-vous organisé pour participer à cette mobilisation ?
« On a commencé à s’organiser avant-hier, avec l’aide de notre délégué et de notre professeur de géographie. On est venus en groupe, même si on est en minorité. L’important pour nous, c’était d’être présents, pour nous-mêmes mais aussi pour soutenir nos enseignants, car leur avenir est aussi en jeu. »
Que faudrait-il faire après cette journée de mobilisation ?
« Il faudrait avant tout sensibiliser davantage nos camarades. Beaucoup ignorent à quel point la situation de l’enseignement est critique. Ce n’est pas uniquement notre école qui est concernée, d’autres établissements le sont aussi. Il faut qu’on soit plus nombreux, qu’on comprenne l’ampleur de l’impact. On ne parle pas assez de ces sujets, alors qu’on devrait tous revendiquer nos droits. Ce n’est pas uniquement aux profs de se mobiliser, mais à nous tous. On forme une seule communauté : professeurs, élèves, éducateurs… Il faut qu’on soit solidaires et qu’on pousse ensemble pour un changement réel et profond.»