Les étudiants montois, dont ceux de notre cercle, avaient fait confiance à l’UMons lorsqu’elle prétendait avoir coupé tout lien de recherche avec Israël. Nous avions agi en conséquence, mais finalement il s’avère qu’il subsiste quantité de liens indirects entre l’institution publique et des fabricants d’armes en lien avec l’armée israélienne.
Une activité politique sabotée
À Mons, notre cercle étudiant Révolution à l’UMons est actif depuis 2023 au sein du mouvement de libération de la Palestine. Nous avons tenu la première conférence sur le sujet à l’UMons après les attaques du 7 octobre (qui a par ailleurs été censurée par l’UMons sous prétexte administratif car il manquait une signature sur un document alors que nos autres activités de l’époque avaient été maintenues sans problème).
En 2024, nous avons organisé avec Comac une courte action d’occupation d’un bâtiment de l’UMons pour alerter les étudiants sur la situation en Palestine, mais cette action ne s’est pas transformée en occupation permanente d’un bâtiment alors qu’à ce moment-là, la plupart des autres universités belges étaient occupées.
Nos militants ont ensuite participé à des plateformes plus larges de lutte pour la Palestine pour élargir les forces et le nombre de personnes impliquées dans le combat pour la libération de la Palestine. Au sein de ces plateformes, nous avons poussé et demandé à plusieurs reprises que des occupations prennent place ou encore que des grèves étudiantes soient organisées, mais les discussions collectives qui se sont tenues dans ces plateformes (telle que le S.E.P. (Solidarité Etudiante Palestine)) ont conclu que comme l’UMons n’avait aucun lien de recherche avec Israël, il serait mal venu d’occuper un bâtiment de façon permanente. Nous avons également dit à plusieurs reprises en assemblée générale que des liens indirects de recherche devaient forcément exister entre l’UMons et des entreprises qui commercent ou font de la recherche pour soutenir le complexe militaro-industriel israélien, mais jusque-là nous n’avions pas de preuves probantes d’implications et il y avait peu de discussions sur le sujet au sein de ces plateformes.
Pendant longtemps, nous avons naïvement cru à cette histoire selon laquelle l’UMons avait bien coupé tous ses liens après le 7 octobre et le début du mouvement étudiant, ce que nous avait affirmé la direction de l’université. Nous l’avions même répété publiquement plusieurs fois pour justifier l’absence d’actions concrètes dans l’enceinte de l’UMons.
La réalité est cependant différente : si l’UMons a bien coupé quelques liens avec des universtés israéliennes, elle a cependant conservé des liens indirects avec des entreprises présentes sur le sol belge qui commercent et qui font de la recherche et développement à des fins militaires pour ensuite aider l’armée israélienne à mener à bien son génocide en Palestine, entre autres.
Les liens de l’UMons avec les entreprises complices
Selon le site de la campagne Stop Arming Israel Belgium, pas moins de dix multinationales et entreprises présentes sur le sol belge sont en lien avec l’armée israélienne, et l’arment directement ou indirectement.
https://stop-arming-israel-belgium.com/nos-cibles/?fbclid=IwY2xjawK0pJdleHRuA2FlbQIxMABicmlkETFtakVNUGowQmVubHAxUlhpAR4NcaQ9JkHQKy1NaQzD915zwRYruXF0eYnscNcrJNisUgmK5vQryKqoaA8mww_aem_Y8O6Sk-GkOW5mWrtS7yZkQ
Parmi ces entreprises, certaines figurent parmi les partenaires de l’UMons via des centres de recherches et d’innovations.
C’est dans le Parc Initialis (dans le zoning des Grands prés) que l’UMons participe à ces différents projets de recherche et développement via deux antennes : Materia Nova et Multitel. Ces « antennes » de l’UMons ont ainsi des liens avec les fabricants d’armes Thalès (1), Safran Aero Boosters (2) (qui collabore ponctuellement avec BMT Aerospace (3)).
Materia Nova fait officiellement dans la recherche de nouveaux matériaux, plus légers, plus « écologiques », plus performants. Même si ces projets de recherches sont officiellement orientés vers l’aéronautique civile et la transition écologique, ce n’est qu’une façade qui cache mal les nombreuses transpositions qui peuvent être réalisées vers des applications militaires de ces recherches. On parle de technologies « duales » (double usage : civil et militaire).
En effet, une partie des recherches de Materia Nova s’oriente vers l’optimisation de la furtivité de drones et de composantes d’avion, ainsi que de nouveaux matériaux pour alléger le blindage des véhicules (militaires).
Lien : https://www.skywin.be/en/members/materia-nova?utm_source=chatgpt.com#no-back
Multitel de son côté réalise des recherches de pointe concernant les nouveaux emplois de l’intelligences artificielles, mais également des recherches pour améliorer la détection nocturne et thermique d’appareils (militaires).
Les débouchés de ces recherches sur l’amélioration de capteurs infrarouges/thermiques peuvent allègrement servir pour le guidage de missiles, la vision nocturne et la détection de cibles, tandis que les recherches sur l’I.A. réalisées par Multitel sont potentiellement utilisables pour guidage autonome de drones ou munitions intelligentes.
Lien : https://www.skywin.be/en/members/multitel#no-back
De plus, Safran Aero Boosters (mais aussi Thalès et d’autres) joue un rôle central dans le projet WINGS (Walloon INnovations for Green Skies), lancé début novembre 2020. Le projet WINGS 3, prolongé en janvier 2024, confirme l’engagement commun de Safran Aero Boosters, Multitel, Materia Nova, entre autres, pour développer ensemble des technologies spatiales (telles que des satellites) décarbonantes pour l’aéronautique wallonne. Il est cependant permis de concevoir une opération de greenwashing de projets militaires de pointe derrière ce projet étant donné que Safran et Thalès sont bien connues pour leur production de matériel militaire ou de surveillance et leurs liens commerciaux avec des régimes pour le moins problématiques tel que celui d’Israël.
Thalès a également des liens de recherches avec l’UMons via sa filiale Thalès Aliena Space et propose régulièrement des doctorats et des formations aux chercheurs de l’UMons :
https://www.skywin.be/fr/news/thales-et-thales-alenia-space-nomines-la-3eme-edition-des-sesames-dagoria#no-back
https://www.skywin.be/en/projets-labelise/sw3sa#no-back
(Notez également que Léonardo [un autre gros fabricant d’armes, italien] figure parmi les actionnaires de Thalès Aliena Space).
Ou encore ceci qui date de 2023 : https://www.uo-fwb.be/formations-pour-adultes/sciences-et-techniques/certificat-interuniversitaire-en-electronique-de-lenergie/
La liste du conseil d’administration de Skywin (un « pôle de compétitivité wallon » de l’aérospatial) est assez explicite en soi puisqu’on y retrouve les noms de trois des dix entreprises qui figurent dans la liste de celles qui envoient du matériel militaire en Israël depuis la Belgique :
https://www.skywin.be/en/about/organization-and-governance/executive-board#no-back
Que faire pour empêcher cela ?
L’UMons risque certainement de se défendre de ses accusations en appuyant le fait que les contrats de recherche sont avant tout liés aux applications civiles, mais cette fausse naïveté cache mal les enjeux bien réels et « duals » de l’aboutissement de ces recherches. Sous le capitalisme, dans un monde où seuls les actionnaires et les patrons décident de comment appliquer les technologies de pointe, il est plus que certain, vu la tendance incroyable à l’investissement dans la production d’armes (voir notre article sur le sujet), que ces technologies, si « propres » et si « efficaces » puissent-elles être, finiront par aider à l’optimisation des pires armées impérialistes du monde. C’est déjà le cas pour l’Intelligence Artificielle en Palestine (lire notre article sur le sujet).
Dans un contexte d’accroissement des mobilisations et des actions syndicales dans les ports un peu partout dans le monde, où la mobilisation étudiante a joué un rôle motivant, il est désormais absolument nécessaire de coordonner au mieux toutes ces actions et occupations pour intensifier les pressions sur ces entreprises, sur les gouvernements et sur les universités complices de génocide.
L’Organisation Communiste Révolutionnaire continuera à participer aux actions qui visent à mettre fin à ces liens ambigus dans la recherche et développement, elle espère qu’en septembre le mouvement d’occupation des universités reprendra avec force et se concrétisera dans une grève étudiante inédite en Belgique pour inciter les syndicats à mobiliser les travailleurs de ces entreprises d’armement, pour stopper la production et l’envoi d’armes vers Israël ou tout ce qui y touche de près ou de loin.
Nous avons le pouvoir de mettre fin aux génocides, mais pour cela les travailleurs et les étudiants doivent se mobiliser et remettre en question les fondements pourris de la société capitaliste. Rejoignez-nous si vous voulez aider à l’obtention d’une paix durable, pour un monde débarrassé du colonialisme et de l’impérialisme, où la technologie est employée pour le bien commun et non pour détruire la vie d’innocents et la nature.
1. Le groupe français Thales a vendu à l’industrie de l’armement israélien pour 2 millions d’euros de systèmes d’aide au pilotage pour des drones armés. Le matériel fourni est présenté comme « non létal », mais sans lequel les drones israéliens ne pourraient tout simplement pas voler. L'enquête de Disclose montre que ces drones ont été déployé en permanence aux côtés des forces spéciales et de l’infanterie au moins jusqu'au "cessez le feu" de janvier 2025.
Il détient, avec Elbit en joint venture, UAV Tactical Systems Ltd qui fabrique les drones pour l'armée israélienne. UAV Tactical Systems produit le drone Watchkeeper, basé sur le modèle du Hermes 450 d’Elbit. On peut parler de blanchiment de technologie militaire israélienne : Thales profite de technologies testées et développées sur les civils palestiniens pour les revendre à des pays tiers avec l’aide d’Elbit. De plus, UAV Tactical Systems exporte elle-même des composants de drones à Israël.
Ailleurs dans le monde, le groupe français Thales est complice du génocide en cours puisqu’il fournit des composantes électroniques essentielles à la confection du drone Hermes 900 utilisé pour bombarder Gaza.
Le groupe possède une usine d'armes à Herstal.
2. Safran Aero Boosters, détenu à 31% par le gouvernement wallon, produit à Herstal des composantes des avions de guerre américain F-15 et F-16. Ces avions finissent entre les mains de l'armée israélienne, et servent à bombarder la Palestine. Le gouvernement wallon et Safran ne doivent pas permettre à des pièces fabriquées en Belgique de se retrouver entre les mains de l'armée israélienne !
Ailleurs dans le monde, le groupe français Safran est complice du génocide en cours puisqu'il vend ses technologies au gouvernement israélien notamment pour son dôme de fer, et co-développe des technologies avec plusieurs entreprises d'armement israéliennes.
En Belgique, Safran possède 3 sites opérationnels : un site de production de réacteur utilisé pour les F-15, un centre d'essai à Liers et Safran Aircraft Engine Services à Zaventem et Steenokkerzeel.
3. Le groupe BMT produit des engrenages, boîtes de vitesses, transmissions et actionneurs pour l'industrie aérospatiale mondiale. BMT Aerospace produit des composantes de l'avion de guerre américain F-15 et F-16, tout comme Safran. Ces avions finissent entre les mains de l'armée israélienne, et servent à bombarder la Palestine ou le Liban. En Belgique, BMT possède trois sites au Sud de Brugge (Oostkamp, Beernem et Alter).