En février 2025, Erik Helgeson, vice-président national et porte-parole du syndicat suédois des dockers, a été licencié. La raison ? Le syndicat a voté le blocage de la manutention d'équipements militaires destinés à Israël.

En réponse à la décision des travailleurs, Göteborg Roro Terminals (GRT), propriété du géant danois du transport maritime DFDS, s'est attaqué de plein fouet à M. Helgeson, qui a été licencié au motif fallacieux qu'il représentait une menace pour la « sécurité nationale ».

Il s'agit d'une attaque sans précédent contre le syndicat et M. Helgeson, qui est une figure de proue des dockers de ce pays. Le syndicat est accusé - par l'employeur, pas par l'État - d'avoir enfreint la loi en compilant un dossier pour le tribunal du travail suédois « sur les échanges commerciaux militaires avec Israël ». Ce n'est évidemment rien d'autre qu'une excuse facile, puisque le dossier est basé sur des informations publiques.

Le syndicat a attaqué le GRT en justice pour licenciement illégitime. Cependant le problème reste que la multinationale qui exploite le port peut facilement absorber les petites amendes qu'un tribunal lui demande de payer. DFDS a déclaré un chiffre d'affaires de plus d'un milliard d'euros pour le seul premier trimestre 2025.

C'est pourquoi le syndicat demande à présent une modification de leur convention collective, en vertu de laquelle les licenciements abusifs donneraient lieu à des dommages-intérêts correspondant à 1 % du chiffre d'affaires annuel de l'employeur. Il demande également des dommages-intérêts plus importants pour les autres tentatives d'obstruction du travail des représentants élus des travailleurs. En outre, ils demandent un renforcement de l'obligation pour les patrons d'entamer des négociations, un plafonnement du recours aux travailleurs temporaires, un fonds plus important pour soutenir les travailleurs dans le besoin, et bien d'autres choses encore.

Les travailleurs ne se sont pas contentés d'attaquer le GRT en justice pour le licenciement illégitime de M. Helgeson. Le 30 avril, la convention collective du syndicat avec les Ports de Suède a expiré sans qu'aucun nouvel accord n'ait été conclu. Afin de forcer les employeurs à s'asseoir à la table des négociations, le syndicat s'est mis en grève dans tous les ports du pays le 21 mai, 89 % des membres du syndicat ayant voté en faveur de la grève.

Les employeurs ont refusé d'entamer des négociations sérieuses et ont répondu par des lock-out et l'utilisation de briseurs de grève. Ils n'ont même pas présenté leurs revendications.

Le syndicat des dockers ne fait pas partie de la principale confédération syndicale, LO, ce qui lui permet d'être plus combatif. Ils ont également conservé de vieilles traditions démocratiques, comme le droit de vote des membres en cas de grève et sur la question de savoir si le syndicat doit accepter ou non les offres des employeurs, contrairement au reste du mouvement syndical suédois, où la direction décide de tout.

Les dockers ne sont cependant pas seuls. Le Conseil international des dockers (IDC) a promis son soutien et, le 30 mai, les dockers belges ont refusé de décharger un navire en provenance de Göteborg, car il avait été chargé par des briseurs de grève. Cette semaine les dockers de Gènes ont rejoint le mouvement de blocage des ports !

Jusqu'à présent, la grève des dockers s'est limitée à quelques jours d'action à la fois pour faire reculer les patrons. Cependant, comme les patrons semblent résolus, ce conflit risque de s'envenimer, ce qui ponctionnent les profits des capitalistes suédois. L'écrasante majorité des importations et des exportations passe par les ports. Le conflit en défense des droits syndicaux et la solidarité avec le peuple Palestinien est un seul combat, les dockers l’ont bien compris, il faut que le reste du mouvement ouvrier européen les suive.

Ce serait également une source d'inspiration pour d'autres travailleurs suédois qui veulent se battre, malgré les efforts de leurs dirigeants syndicaux pour les en empêcher. 

La section suédoise de l'Internationale Communiste Révolutionnaire soutient sans réserve l'action de grève des dockers et leur blocus du matériel militaire israélien. L’OCR belge mobilise également son soutien. Cela doit devenir un exemple concret de la solidarité internationale des travailleurs !

L'appel de l'IDC trouve un écho important auprès d'autres dockers en Europe. Le 4 juin, les dockers de Marseille ont annoncé qu’ils bloquaient le chargement de 14 tonnes de pièces détachées pour mitrailleuses à bord d’un cargo israélien, au port de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), à destination de Haïfa, en Israël.

La CGT du port a annoncé : « Nous le répétons encore et encore : les dockers et portuaires du Golfe de Fos ne participeront pas au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien. Nous sommes pour la paix entre les peuples. Nous sommes opposés à toutes les guerres. »

Ces pièces détachées, produites par la société marseillaise Eurolinks, étaient destinées à l’entreprise d’armement Israel Military Industries. D’après le média Disclose, il s’agit de la troisième livraison en partance de Fos-sur-Mer vers cette entreprise depuis le début de l’année 2025. Le 4 octobre 2024, Macron affirmait pourtant que la France ne livrerait pas d’armes à Israël. Un mensonge de plus qui révèle encore toujours la complicité des gouvernement d’Europe dans ce génocide !

Nous devons nous mobiliser pour faire connaître ces actions et les soutenir !

En Belgique des composants d’avions, de missiles et des drones sont produits pour l’effort de guerre israélien, la plus grande entreprise d’armes d’Israël (Elbit) a des filiales chez nous. Au moins 10 grandes entreprises présentes sur le sol belge participent aux livraisons de matériel militaire bien que la Belgique n’autorise officiellement pas les exportations qui ‘renforceraient la capacité militaire d’Israël’. Les syndicats et les travailleurs devraient s’inspirer de l’exemple des dockers et refuser de produire et délivrer ces armes !

Les directions politiques et syndicales du mouvement ouvrier partout en Europe – à commencer par celles de la CGT en France, LO en Suède mais aussi la FGTB et la CSC – doivent cesser d’en appeler au gouvernement ou au soi-disant « droit international » pour empêcher le génocide des Gazaouis. Elles doivent se tourner vers la classe ouvrière et s’inspirer de l’exemple héroïque des dockers de Fos-sur-Mer, Gothembourg, Barcelone, d’Italie, du port du Pirée en Grèce, et même d’Inde… pour généraliser et coordonner internationalement ces actions de blocage dans tous les secteurs et toutes les entreprises en lien, d’une manière ou d’une autre, avec l’appareil militaire de l’Etat sioniste aussi pour donner un exemple concret à quoi ressembler la solidarité de la classe ouvrière ! La seule classe capable et désireuse de mettre fin à la souffrance horrible que vivent les Palestiniens et les Palestiniennes.

 

Solidarité avec Erik Helgeson et le syndicat des dockers ! Les dockers de Fos-sur-Mer montrent l’exemple !
Blocage ‘ouvrier’ de la production et livraison d’armes pour Israël
Défendons les droits syndicaux !
Luttons contre la propagande de guerre !
Arrêtons l'occupation de la Palestine par Israël !