« Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage ». Jean Jaurès.
Un constat cruel s’impose. La planète a connu en 2024 le nombre de conflits armés le plus élevé depuis 1946, détrônant 2023 qui était déjà une année record, selon une étude norvégienne publiée il y a quelques semaines.
L'an dernier, 61 conflits ont été enregistrés dans le monde, répartis entre 36 pays — certains étant déchirés par plusieurs conflits simultanément —, montre le rapport réalisé par l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo (Prio). En 2023, ces chiffres étaient de respectivement 59 et 34.
« Ce n’est pas simplement un pic, c'est un changement structurel. Le monde aujourd'hui est bien plus violent et bien plus fragmenté qu'il ne l'était il y a dix ans », a commenté Siri Aas Rustad, rédactrice principale du rapport qui observe les tendances sur la période 1946-2024.
Cela s’accompagne d’une forte augmentation des dépenses militaires. Celles-ci ont connu en 2024 leur plus forte augmentation depuis la fin de la Guerre froide, atteignant 2700 milliards de dollars à cause des guerres et conflits en cours sur la planète, selon un rapport du Sipri publié lundi.
Les dépenses ont bondi de 9,4% en 2024, la 10e année consécutive à avoir enregistré une hausse, par rapport à 2023. Elles ont particulièrement augmenté en Europe et au Moyen-Orient, dévoile l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Plus de 100 pays ont accru leurs budgets de défense l'année dernière, souligne le rapport.
La guerre prend le centre de la situation politique mondiale
Jusqu’il y a peu, nombreux étaient ceux qui pensaient que la guerre était un fléau qui frappait surtout les pays « arriérés » et « lointains », en Afrique ou au Moyen Orient. Depuis la seconde guerre mondiale jusqu’à la guerre de Yougoslavie il y a 30 ans et jusqu’à l’invasion russe de l’Ukraine, la paix semblait acquise en Europe.
Mais la réalité est très différente. Le grand philosophe Héraclite le savait déjà quand il a écrit que : « La guerre est le père de toutes choses, de toutes le roi ». L’autre philosophe dialecticien, Hegel, va dans le même sens : « En fin de compte, toutes les choses importantes se décident par la force », affirme-t-il.
Dans l’histoire de l’humanité et dans le capitalisme, la guerre n’est pas une aberration. L’usage de la force n’est pas une aberration. La question n’est pas que la « paix naturelle » entre les hommes soit interrompue par la guerre, mais bien plutôt que la paix interrompt des périodes de guerre. L’exception est la paix et non la guerre. Les relations entre les nations fonctionnent de la même manière que les relations entre les classes sociales. Les conflits entre nations sont aussi normaux que les conflits entre les classes sociales. La guerre fait partie de la nature du capitalisme.
« La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens »
Pourquoi y a-t-il des guerres ? Est-ce le propre de l’homme d’être guerrier ? Est-ce notre nature qui pousse aux conflits militaires ? Non, nous, marxistes, ne le croyons pas. De nombreuses études scientifiques démo-ntrent que les humains sont plus coopératifs que compétitifs par nature. Par exemple, selon une étude de 2021 de l’Université Libre d’Amsterdam, seulement 5% des actions du quotidien seraient non coopé-ratives. Les raisons des conflits armés et violents sont maté-rielles et non psycho-logiques ou culturelles. On ne peut considérer la guerre indépen-damment des intérêts politiques, économi-ques et financiers. Les capitalistes font la guerre pour obtenir des bénéfices, pour conquérir des territoires, pour vendre plus de marchandises. Les rapports impérialistes, les rapports de domination d’une nation sur une autre font que la guerre est l’état « naturel » du capitalisme.
Le grand penseur de la guerre, le prussien von Clausewitz, comprenait que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ».

Le Grand Capital (s’adressant au Travail) : « Mon bon ami, tu seras bien payé pour ton action patriotique qui a permis de faire pousser cette superbe plante ; tu auras les fruits qui poussent en surface — moi je prendrai SEULEMENT les racines ! »
On pourrait ajouter à cela que la politique extérieure, c'est-à-dire la politique internationale qui établit des rapports avec d’autres nations, ne peut jamais vraiment différer de la politique intérieure.
En tous cas dans son contenu de classe, la politique extérieure découle des mêmes intérêts capitalistes que la politique extérieure. La politique internationale d’un Etat national et de son gouvernement n’est pas contradictoire avec sa politique nationale.
Ceci implique que si le mouvement ouvrier et ses organisations veulent rester indépendants, ils ne peuvent pas se rallier à la politique internationale de la classe capitaliste, au nom de la défense de la Nation ou des valeurs « qui sont les nôtres ».
Quelle attitude avoir face aux guerres ?
Lénine nous est d’un grand secours pour répondre à cette question. Voici comment il ouvre son fameux texte sur le « Socialisme et la guerre » :
« Les socialistes ont toujours condamné les guerres entre peuples comme une entreprise barbare et bestiale. Mais notre attitude à l'égard de la guerre est foncièrement différente de celle des pacifistes (partisans et propagandistes de la paix) bourgeois et des anarchistes ».
« Nous nous distinguons des premiers en ce sens que nous comprenons le lien inévitable qui rattache les guerres à la lutte des classes à l'intérieur du pays, que nous comprenons qu'il est impossible de supprimer les guerres sans supprimer les classes et sans instaurer le socialisme; et aussi en ce sens que nous reconnaissons parfaitement la légitimité, le caractère progressiste et la nécessité des guerres civiles, c’est à dire des guerres de la classe opprimée contre celle qui l'opprime, des esclaves contre les propriétaires d'esclaves, des paysans serfs contre les seigneurs terriens, des ouvriers salariés contre la bourgeoisie ».

Participants et participantes à la conférence de Zimmerwald de 1915.
« Nous autres, marxistes, différons des pacifistes aussi bien que des anarchistes en ce sens que nous reconnaissons la nécessité d'analyser historiquement (du point de vue du matérialisme dialectique de Marx) chaque guerre prise à part. L'histoire a connu maintes guerres qui, malgré les horreurs, les atrocités, les calamités et les souffrances qu'elles comportent inévitablement, furent progressives, c'est à dire utiles au développement de l'humanité en aidant à détruire des institutions particulièrement nuisibles et réactionnaires (par exemple, l’autocratie ou le servage) et les despotismes les plus barbares d'Europe (turc et russe) ».
Il faut donc examiner les particularités de chaque guerre avant de déterminer notre attitude. La guerre de guérilla menée par les paysans pauvres au Nicaragua contre la dictature Somoziste dans les années 70 n’est pas la même que la guerre menée par les Etats-Unis contre le Vietnam. Et la résistance armée des vietnamiens contre l’invasion américaine a eu tout notre soutien. Il y a des guerres de libération et des guerres impérialistes. Il faut savoir faire cette importante distinction et ne pas avoir une attitude « absolue » face à la guerre ou la condamner sans égard quant à son contenu social et politique. Il y a donc des guerres progressistes et des guerres réactionnaires, des guerres que tout marxiste doit appuyer et d’autres que nous repoussons avec toute notre énergie. Les critères du progressisme sont l'émancipation de la classe exploitée, le développement des forces productives et la préparation au mode de production supérieur.
Guerres progressistes et guerres réactionnaires
L’Europe, au 19ème siècle, a été le théâtre de plusieurs guerres de libération et d’unification nationale. Celles-ci étaient clairement progressistes car elles mettaient fin au morcellement féodal, à l’oppression nationale et créaient des Etats-nations. Face au féodalisme et à la classe aristocratique, l’avènement du capitalisme représentait une progression historique. C’est au sein de ces Etats-nations que le capitalisme pouvait s’épanouir et que se développait une puissante classe ouvrière. Au 20ème siècle et en ce début du 21ème siècle, les guerres sont surtout des guerres impérialistes, c'est-à-dire des guerres de rapine directement entre empires établis ou émergents ou via nations interposées. Ces dernières sont de plus en plus présentes. Ce sont des guerres « par procuration ». Derrière les groupes ou nations en conflit se cachent des puissances plus grandes. Celles-ci tirent les ficelles en marionnettiste cynique. Les petits Etats alors ne sont que des pions aux mains des plus grands Etats. Pour justifier leur soutien militaire et financier, elles se drapent de grandes valeurs : le droit à l’autodétermination, la défense d’un petit pays contre l’appétit territorial d’un pays voisin, la défense de la démocratie, la préservation de la civilisation contre la barbarie etc. L’Etat nation, qui au 19ème siècle
représentait une avancée sur l’échelle de l’histoire est aujourd’hui devenu un obstacle pour le développement de l’humanité.
Notre attitude face à la guerre n’est pas non plus déterminée par la question de savoir « qui a commencé ? ». Qui a tiré la première balle ou lancé le premier obus est totalement sans importance. Cette question fait partie de la propagande guerrière des parties en conflit.
La masse de la population de chaque pays déteste la guerre, mais pour la mobiliser malgré tout, chaque parti belligérant doit réussir à influencer l'opinion publique et à susciter l'enthousiasme pour la guerre. Il s'agit essentiellement de faire porter la responsabilité du déclenchement de la guerre au camp adverse.
La diplomatie et les médias bourgeois sont à cet égard les principaux outils de la classe dirigeante. Ils veillent régulièrement à ce que la première victime de toute guerre soit la vérité. Le mouvement ouvrier a pour mission de démasquer cette propagande de guerre et de dévoiler les véritables intérêts qui la sous-tendent. La question de savoir qui a tiré le premier coup de feu et qui a attaqué est évidemment importante en ce qui concerne la perception d'une guerre. On le voit très clairement dans la guerre actuelle en Ukraine, où une grande partie de la population est sincèrement indignée par l'invasion russe. Voltaire écrivait déjà : « La guerre offensive est la guerre d'un tyran ; mais celui qui se défend est dans son droit ». C'est toutefois une conception à courte vue de la question. On trouve toujours un prétexte pour une guerre s'il y a des intérêts sous-jacents à la mener. Celui qui a tiré le premier coup de feu ne répond pas à la question de savoir qui est l'agresseur et qui est le défenseur,
ou même si les deux parties sont des agresseurs.
Par exemple, l'affirmation selon laquelle la raison de la Première Guerre mondiale est l'assassinat de l'héritier du trône autrichien n'explique rien. La monarchie austro-hongroise n'était pas une « victime » que la classe ouvrière aurait eu pour mission de défendre, et la prétendue libération de la Bosnie-Herzégovine n'était pas le véritable motif de la guerre du côté de la Triple-Entente adverse.
Pourtant, les partis sociaux-démocrates de presque tous les pays ont soutenu leur propre classe dirigeante et ont argumenté sur les raisons de cette guerre en fonction des prétextes avancés par le gouvernement de leur pays.
Comment empêcher les guerres ?
Voyant s’approcher la grande déflagration guerrière de 1914 à 1918, le mouvement ouvrier international s’interrogeait sur comment il allait pouvoir l’arrêter. Plusieurs congrès de la Deuxième Internationale ont débattu de cette question. Nombreux étaient ceux qui s’imaginaient que des accords internationaux de paix et de désarmement pouvaient y remédier. Leur explication consistait à dire qu’aussi bien la classe travailleuse que la bourgeoisie avaient un intérêt commun à préserver le monde d’une guerre imminente.
Mais la première guerre mondiale qui allait éclater quelques années plus tard allait prouver le contraire. Les marxistes conséquents dans la Deuxième Internationale défendaient un autre point de vue. Rosa Luxemburg, leader de la gauche du parti social-démocrate allemand, critiquait les « amis de la paix » qui pensent que la paix mondiale et le désarmement peuvent être réalisés dans le cadre de l'ordre social actuel, alors qu'en réalité, cela ne serait possible qu'après une révolution socialiste mondiale réussie. Il en résulte également deux stratégies politiques opposées dans les mouvements anti-guerre. Le pacifisme aspire à des mesures prétendument « réalistes » pour endiguer le militarisme et tend à s'orienter vers la diplomatie des dirigeants et à y voir une issue au scénario de guerre.
Le fait que le pacifisme ne pose pas la question de classe lui permet d'exister tranquillement comme feuille de vigne de la gauche et d'être utilisé à mauvais escient sur le plan de la politique symbolique. Mais le mouvement ouvrier doit, selon Rosa Luxemburg, transformer toute illusion et combattre la diplomatie bourgeoise de la paix. Cette apologie de la « diplomatie de la paix » se retrouve dans les revendications du mouvement pacifiste belge et dans les propositions du PTB.
Le pacifisme trouve sa force motrice dans l'abomination de la guerre. Mais il ne résout pas le problème, car il ne supprime pas la cause de la guerre, la logique du profit capitaliste et les contradictions impérialistes. Tôt ou tard, dans toute guerre, les gouvernements feront la paix. Mais celle-ci n'est qu'un répit qui laisse les contradictions sous-jacentes non résolues et ne constitue généralement que le point de départ de conflits futurs. Si les gouvernements bourgeois, comme la Grande-Bretagne avant la Seconde Guerre mondiale, en appellent à la « paix », c'est parce qu'ils ont plus à perdre qu'à gagner dans un conflit militaire ouvert ou qu'ils ne peuvent pas faire la guerre dans la situation concrète.
Lénine et Trotsky rejetaient également le mot d'ordre pacifiste de « désarmement » ou posaient la question de savoir qui devait être désarmé et à qui les armes devaient être retirées. L'objectif n'est pas un accord de désarmement entre les gouvernements des grandes
puissances. Si l'on veut mettre fin aux guerres ou les empêcher, la classe ouvrière doit désarmer la classe dirigeante. Mais pour cela, il faudrait que la classe ouvrière s'arme et impose sa volonté à la bourgeoisie.
Au début du 20ème siècle, la lutte contre le militarisme et la guerre impérialiste était une pierre angulaire du programme et de la pratique politique des partis ouvriers sociaux-démocrates. Si une guerre devait éclater, on répondrait par une grève générale et la tactique de la révolution prolétarienne. Le modèle était la Commune de Paris de 1871, qui a transformé la guerre entre les gouvernements en une guerre civile - plus concrètement, une guerre de la classe opprimée contre la classe dominante - d'où est né à Paris le premier Etat ouvrier de l'histoire. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté en 1914, les manifestes anti-guerre ne valaient plus rien. Dans presque chaque pays, la bureaucratie social-démocrate du parti et des syndicats soutenait majoritairement sa propre bourgeoisie et sa dynastie dirigeante en proclamant la paix civile et en votant des crédits de guerre. Cela a conduit à la boucherie de la première guerre mondiale qui a fait 20 millions de morts dont la moitié de civils, mais aussi à l'effondrement de la Deuxième Internationale, et seule une petite minorité, restée fidèle à l'internationalisme, s'est opposée à la guerre : Lénine, Trotsky, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht en tête. Pour les marxistes conséquents, l'ennemi principal se trouvait …dans leur propre pays. C’est le slogan que met en avant le grand antimilitariste allemand, Karl Liebknecht. Il s’agissait d’empêcher cette guerre, d’y mettre fin rapidement en ôtant le pouvoir des mains de la bourgeoisie va-t-en-guerre.
Pour finir, ce qui mit fin à la première guerre mondiale fut la révolution russe de 1917 et les mutineries massives dans la l’armée allemande forçant l’état major du Kaiser à déposer les armes. Les révolutions russe et allemande sont les conséquences directes de la guerre.
Mais la Première Guerre mondiale n'a pas réussi à résoudre le conflit entre les puissances impérialistes. Après que la social-démocratie eut empêché la victoire de la révolution en Allemagne et en Autriche et et après que le fascisme eut conquis le pouvoir suite à des années de crise, la voie était libre pour une nouvelle guerre mondiale. Cette fois-ci, l'impérialisme avait un caractère encore plus violent, qui s'est déchaîné sur l'humanité dans les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, qui a fait 80 millions de morts dont ¾ de civils.
La destruction massive des forces productives au cours de cette guerre mondiale, associée aux innovations technologiques de l'industrie de guerre, a jeté les bases d'une résolution temporaire des contradictions inter-impérialistes et d'un boom d'après-guerre qui a duré plusieurs décennies. Puisque tout avait été détruit, il fallait reconstruire. Pour toute une époque historique, les contradictions du système capitaliste semblaient résolues. Le monde était désormais marqué par la « guerre froide » entre la nouvelle puissance hégémonique à l'Ouest, les États-Unis, d'une part, et l'Union soviétique, d'autre part. Les contradictions entre les puissances capitalistes persistaient, mais celles-ci passaient au second plan face à l'antagonisme entre deux systèmes économiques fondamentalement différents. Grâce à l' « équilibre de la terreur », avec un énorme arsenal nucléaire des deux côtés, une nouvelle guerre mondiale était exclue. A cela s'ajoutaient la lassitude de la classe ouvrière en Occident et la force des partis ouvriers en Europe.
Mais cette époque a été aussi marquée par une série de mouvements de libération nationale, encouragés par l'existence de l'Union soviétique et de la Chine maoïste. De nombreux pays ont tenté de se libérer du joug impérialiste, y compris militairement si nécessaire. Certaines de ces guerres d'indépendance contre le pouvoir colonial français ou britannique ont commencé dès la Seconde Guerre mondiale. La bourgeoisie britannique, par exemple, se plaignait que cela aiderait Hitler et voyait dans ces mouvements révolutionnaires (par exemple en Inde) une « trahison ». Les marxistes britanniques, en revanche, soutenaient cette lutte pour l'indépendance parce qu'elle affaiblissait l'impérialisme britannique.
Sur ce point, il est évident qu'un pacifisme abstrait, qui rejette toute forme de violence pour des raisons morales, ne peut pas être la solution.
La guerre a toujours été une source de pollution sans fin, c’est encore plus le cas aujourd’hui
Récemment plusieurs articles scientifiques ont mis au jour l’impact des guerres du passé sur l’environnement. Par exemple, il a été retrouvé en 2025 des taux très élevés de perchlorate dans les eaux “potables” du Nord-Pas-de-Calais en France, substance utilisée notamment dans les poudres d'armes à feu et héritage des champs de bataille de la Première Guerre mondiale. En Belgique, on trouve également des exemples similaires liés aux métaux lourds et autres polluants à Ypres, dans les Ardennes, en Flandre orientale ou encore en Mer du Nord. Mais tout cela est peu au regard de la pollution des guerres modernes. Rien que pour la guerre en Ukraine, il est question d’une pollution multidimensionnelle : polluants explosifs, métaux lourds, hydrocarbures, mais aussi microplastiques et PFAS (qui sont de plus en plus utilisés pour tout type de matériel militaire). À cela il faut ajouter que depuis le 24 février 2022, la guerre en Ukraine a généré environ 230 millions de tonnes de CO₂ équivalent, ce qui correspond aux émissions annuelles combinées de pays comme l’Autriche, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, ou encore à celles de 120 millions de voitures à moteur thermique.
Israël a largué des milliers de tonnes de bombes sur le petit territoire de Gaza, potentiellement plus de 100 000 tonnes : les conséquences sont d’ores et déjà catastrophiques également sur l’environnement.
Tout indique que l’augmentation des conflits à l’échelle globale et l’investissement dans l’armement, auront des conséquences dantesques sur notre environnement, sur le climat, sur la qualité de l’air, de l’eau et des sols agricoles…
« De leurs épées ils feront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles »
Le 20ème siècle est le plus meurtrier de l’histoire. 187 millions de personnes sont mortes dans les guerres du siècle précédent. Cela équivaut à 10% de la population mondiale de 1913. Malgré la Convention de Genève, « codifiant » la guerre et autres traités sur le contrôle de l’armement et sur les crimes de guerre, la guerre moderne n’est pas moins meurtrière et dévastatrice. Toutes les tentatives pour « civiliser » la guerre se sont révélées vaines.
Si pendant la première guerre mondiale « seulement » 5% des victimes étaient des civils, dans la seconde guerre mondiale cette part s’élève à 66%. Aujourd’hui au début du 21ème siècle les « non-combattants » représentent entre 80 et 90% des victimes. Tous les mécanismes du monde pour « réguler » les relations entre Etats capitalistes n’empêcheront pas les guerres et ne les rendront pas moins barbares. Les capitalistes eux-mêmes le savent très bien. Ils investissent d’ailleurs énormément dans l’armement. Comme nous l’avons écrit au début de cet article : la guerre est inhérente au capitalisme. C’est un important « régulateur » des rapports de force entre nations. Il n’est plus question aujourd’hui du soi-disant « dividende de paix » soulevée après l’implosion de l’Union Soviétique et la fin de la guerre froide. En ce moment, les dépenses militaires approchent les 2700 milliards (2700.000.000.000) de dollars à l’échelle mondiale. Il est vraiment difficile de concevoir cette somme astronomique. Cela veut dire que pour chaque habitant de la planète, 329 dollars sont dépensés pour l’armée. Les dépenses militaires et l’industrie de l’armement représentent un énorme gaspillage du potentiel productif de la société. Imaginez-vous ce qu’on pourrait faire avec cette somme pour mettre fin aux fléaux de la faim et de la soif dans le monde, des maladies les plus courantes et pour garantir un enseignement de qualité aux jeunes de la planète, pour réaliser une transition écologique/énergétique... Il suffirait par exemple d’investir entre 39 à 50 milliards jusqu’à 2030 pour éradiquer la faim dans le monde. Cela représente 2,5% des dépenses militaires dans le monde. Mais ceci ne fait pas partie des priorités des capitalistes. Pour mettre fin aux guerres il faudra donc mettre fin à ce système mortifère. Rien ne doit nous détourner de cet horizon.

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