Après l’expulsion brutale de deux collégiens sans papiers, les lycéens parisiens ont réagi en bloquant leurs écoles et ont pris la rue. Ils cristallisent le mécontentement des masses avec la politique antisociale du gouvernement. Que ce gouvernement « de gauche » continue sans hésitation la politique ultra-droite de Sarkozy suscite de plus en plus de résistances.
Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur (PS), donnait le ton le 24 septembre en proclamant que les Roms « ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres. Ce qui veut bien dire que les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie. »
Mais la cause immédiate des protestations des lycéens était cependant les déportations de Khatchik et ensuite de Leonarda, deux écoliers « sans papiers ». L’intervention de la police suscitait beaucoup d’indignation : Leonarda a été enlevée du bus lors d’une excursion avec sa classe…
Là-dessus, le jeudi 17 octobre une vingtaine d'écoles à Paris ont été bloquées. L’après-midi, une manifestation de sept mille étudiants se rendait vers la place de la Bastille. Le lendemain, pas moins de 36 lycées ont été bloqués et une manifestation a rassemblé dix mille participants. D'autres villes comme Avignon, Bordeaux et La Rochelle ont aussi connu le jeudi et le vendredi des manifestations des lycéens. Après ces deux jours de mobilisations massives, le mouvement a été arrêté temporairement avec le début de deux semaines de vacances scolaires.
Les revendications des lycéens sont particulièrement claires : toutes les expulsions des jeunes scolarisés doivent cesser. Les slogans « Personne n'est illégal », « Valls dehors ! », etc. étaient scandés avec beaucoup de conviction. Sur les nombreuses pancartes était inscrit : « Stop à la Valls des expulsions », « Khatchik en France, Valls en Arménie » et « Lycéens en colère, on ne va pas se laisser faire ! »
Hollande en panique
Le message a bien été entendu par le gouvernement. Après qu’un mouvement fort des étudiants et des lycéens, soutenu par les salariés, a fait tomber en 2006 une réforme du statut de travail pour les jeunes ; les ministres marchent maintenant sur des œufs. Le ministre de l’Intérieur est retourné précipitamment le vendredi d’une visite officielle à la Martinique. Samedi, le président François Hollande s’impliquait aussi dans l’affaire. Il essayait de briser la contestation en proposant un « geste » d’exception : Leonarda peut revenir en France, mais sans sa famille !
La réaction des syndicats étudiants UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) et UNL (Union Nationale Lycéenne) était de nouveau claire : pas de concessions bricolées ! Les expulsions des jeunes scolarisés doivent s’arrêter et la famille entière de Leonarda doit revenir. « Le président de la République s'est caché derrière l'argument du respect de la loi, mais il a oublié que cette loi injuste, lui et son gouvernement peuvent la changer », a réagi l’UNL.
Cette réaction résolue a assuré que le mouvement n’a pas été brisé. De plus, Hollande s’est couvert de ridicule. Son autorité est désormais attaquée de tous les côtés, et l’opposition au sein de son parti contre sa politique xénophobe se renforce de jour en jour. A cause de la réaction effrayée du président et son ministre, une vraisemblable crise de gouvernement s’est mise en place !
La politique migratoire européenne sous pression
Le mois d’octobre marquait une prise de conscience de l’inhumanité de la politique migratoire en Europe. La classe dirigeante essaye d'utiliser les migrants comme boucs émissaires de la crise, mais il devient de plus en plus clair que le système capitaliste lui-même est le cœur du problème. En aucun cas le nombre réduit de réfugiés ne peut être la cause du chômage, des fermetures d’usines, de l’austérité et d’autres privations matérielles. Au contraire, les réfugiés sont les premiers qui souffrent de cette crise mondiale du capitalisme !
La lutte pour les droits des réfugiés est depuis longtemps rendue publique par la voix des opprimés. Là où le discours dominant voit invariablement le réfugié comme le problème, il est devenu clair que la situation dans laquelle ces gens sont poussés est intenable.
La tragédie du bateau qui a coulé sur la côte de Lampédusa, avec plus que trois cents victimes, est un triste rappel du massacre qui se déroule aux frontières de l'Europe. Aussi, la lutte des réfugiés afghans contre leur déportation, montre comment l'Etat belge traite les immigrants de façon extrêmement violente. Chaque fois que les Afghans descendent dans la rue, leur mouvement est réprimé avec une violence brutale par la police. (1)
Les évènements en France ont aussi causé une prise de conscience accélérée de la réalité humaine derrière la politique de migration. Comme le déclarait Alice, une jeune lycéenne, « ils font exactement comme la droite. S'il y a autant de jeunes mobilisés, c'est parce que ça touche des lycéens, des gens comme nous. »
L'échec total du gouvernement social-démocrate montre clairement la nécessité d'un programme véritablement socialiste et humaniste. Le capitalisme en crise tire brutalement en arrière la société.
La lutte continue
Le mardi 5 novembre, il y aura de nouvelles mobilisations contre les expulsions dans plusieurs villes. Etudiants et syndicats doivent rejoindre les lycéens dans la rue, contre ce gouvernement « de gauche » avec une politique de droite ! Les droits de la classe ouvrière dans toute sa diversité doivent être défendus !
Plus d'expulsions des jeunes scolarisés, personne n'est illégal !
A bas le gouvernement antisocial !
(1) Pour un réportage photo: http://www.dewereldmorgen.be/artikels/2013/10/22/fotos-actievoerende-afghanen-hardhandig-opgepakt-in-wetstraat , pour une analyse du mouvement des sans-papiers afghans: http://www.anticapitalisme.be/?p=1599