La Proclamation de la République devant le Parlement le 12 novembre 1918, Rudolf Konopa


La Révolution russe de 1917 a ébranlé le monde et a déclenché toute une série d’événements révolutionnaires à l’échelle internationale. Cet article de Konstantin Korn et Emmanuel Tomaselli porte sur le processus révolutionnaire en Autriche à la fin de la Première Guerre mondiale. Il donne un aperçu de la grève générale de janvier 1918 et montre comment les dirigeants sociaux-démocrates ont trahi le mouvement.

Dans les semaines qui suivent la révolution russe d’Octobre 1917, l’ancien chef du gouvernement provisoire, Alexandre Kerenski, prend la tête d’une offensive militaire visant à renverser le nouveau régime des soviets. Cette tentative échoue lamentablement du fait de la mobilisation des travailleurs de Petrograd – organisés dans la « Garde Rouge » – et du ralliement des soldats de Kerenski au régime soviétique. Mais ce n’est là que le premier acte d’une longue guerre civile.

L’éclatement de la Première Guerre mondiale a provoqué l’effondrement de la Deuxième internationale, et sa conclusion a déclenché une vague de révolutions. C’est dans ce contexte que Lénine a réussi à bâtir la Troisième Internationale (Communiste), qui disposait de puissantes sections dans de nombreux pays et qui se donnait pour objectif d’être la direction nécessaire à la victoire de la révolution mondiale. Dans cet article, Fred Weston explique comment fut créée cette nouvelle internationale, et le rôle que jouèrent Lénine et Trotsky dans l’éducation d’une nouvelle couche de communistes, pour les préparer aux tâches qui les attendaient.

En ce Premier Mai, fête internationale des travailleurs et des travailleuses, nous publions ce court texte de Rosa Luxemburg, publié en 1894, qui explique l’histoire de cette journée de lutte. 

Il y a 82 ans, un groupe de jeunes juifs prenait les armes contre la terreur nazie dans le ghetto de Varsovie. La plupart d'entre eux étaient socialistes, communistes et fiers d'être internationalistes. L'organisation juive de lutte (Z.O.B.) à laquelle ils appartenaient avait été formée par des militants du Bund socialiste, des sionistes de gauche de Hachomer Hatzair et des communistes (1).

Le 31 mars 1898 disparaissait Eleanor Marx, la cadette de la famille Marx, mais aussi la plus engagée politiquement des trois filles de Jenny et Karl.

Eleanor Marx, fille du plus grand politologue de l'histoire, a dû faire face à la formidable tâche de se montrer à la hauteur de son nom de famille pendant la période turbulente qui a vu naître le mouvement ouvrier organisé en Grande-Bretagne. Ce qu'elle a réussi à accomplir au cours de cette période, sous l'influence des idées de son père, fait de la nouvelle biographie de Rachel Holmes, Eleanor Marx - A Life, une tâche titanesque.

Théorie révolutionnaire et mouvement révolutionnaire

Eleanor, qui a rassemblé et préparé les écrits de Marx qui sont devenus le pamphlet classique Valeur, prix et profit, avait une compréhension brillante des théories économiques de Marx. Holmes explique que les années de formation de l'enfance d'Eleanor ont coïncidé avec les recherches de Marx et la rédaction du Capital. Eleanor et le Capital ont grandi ensemble au sens propre, Marx traduisant ses théories économiques en histoires enfantines pour amuser Eleanor.

Il s'agit là d'un point fondamental qui explique l'activisme politique déterminé d'Eleanor et ses principes socialistes engagés plus tard dans sa vie. Comme l'a déclaré Lénine, « sans théorie révolutionnaire, il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire » - il serait difficile d'imaginer une formation plus approfondie en théorie marxiste que celle d'Eleanor, ce qui s'est manifesté dans ses positions dirigeantes au sein du syndicat des travailleurs du gaz et dans son travail de conseil, de collecte de fonds et de liaison internationale pour le TUC et d'autres syndicats tout au long de sa vie. Sans sa compréhension de la théorie marxiste, Eleanor n'aurait pas pu jouer le rôle politique important qu'elle a joué.

L'éducation marxiste d'Eleanor lui a donné les connaissances théoriques nécessaires pour jouer un rôle clé dans le mouvement syndical tout au long de sa vie. Eleanor a joué un rôle de premier plan dans les premiers syndicats qui luttaient pour leurs droits. Elle s'est battue sans relâche auprès des travailleurs dans tout le pays, prenant la parole lors d'une série ininterrompue de conférences publiques, de réunions et de rassemblements en plein air. Le dévouement spectaculaire d'Eleanor à la diffusion des idées du socialisme démontre son engagement inébranlable en faveur de la lutte prolétarienne et sa compréhension approfondie des principes du marxisme.

Le contexte des luttes de l'époque est bien expliqué dans la biographie et, à quelques exceptions près, le rôle d'Eleanor dans les événements n'est pas exagéré, ce qui suggère que l'auteur de la biographie, tout comme son sujet, a une bonne compréhension du matérialisme historique.

eleanor marx

La richesse des informations contenues dans la biographie sur le développement du mouvement ouvrier à cette époque est également un rappel très précieux du rôle central que le marxisme a joué dans les origines du travail organisé en Grande-Bretagne. C'est grâce au travail et aux idées de marxistes engagés que le mouvement syndical britannique a pris forme - un fait dont les dirigeants syndicaux d'aujourd'hui, saturés par la politique de collaboration de classe, de compromis et de capitulation, feraient bien de se souvenir.

Internationalisme

L'engagement d'Eleanor en faveur de l'internationalisme est un point qui, à juste titre, est constamment souligné tout au long de la biographie. Dans ses luttes politiques, elle combattait fréquemment les chauvins nationaux du mouvement qui, 16 ans après sa mort, capituleraient devant le nationalisme lorsque la Première Guerre mondiale éclaterait.

La vie personnelle d'Eleanor, remplie d'amis et de camarades du monde entier, et sa capacité à parler un grand nombre de langues, en sont le reflet. Sur la base de son éducation politique, cela démontre la nature internationaliste incontestable du socialisme.

EleanorMarxabstract

Ce n'est pas pour rien que Marx et Engels ont conclu le Manifeste communiste par les mots « Travailleurs de tous les pays unissez-vous » - la nature mondiale du capitalisme signifie que le socialisme est international ou qu'il n'est rien. Ce point est clairement établi dans la biographie et, même si ce n'est pas nécessairement très explicite, il est clair que le nationalisme étroit et la politique stalinienne du « socialisme dans un seul pays » n'ont rien en commun avec le marxisme.

Les contradictions du capitalisme : l'amour et l'art

La biographie de Holmes se lit comme une démonstration des contradictions du capitalisme expliquées par Marx et vécues par sa fille. Eleanor, fortement influencée par les idées d'Engels sur les origines de la famille, a passé la majeure partie de sa vie dans une relation avec Edward Aveling, professeur de sciences, acteur amateur et intellectuel de gauche. Leur relation trouble reflète la domination de l'idéologie et de la culture de la classe dirigeante à une époque donnée.

Aveling était légalement marié à une autre femme pendant la majeure partie de sa relation avec Eleanor, qu'il traitait ouvertement comme une relation libre. Il va sans dire que cet arrangement domestique a heurté les sensibilités hypocrites de la bonne société polie de l'époque. Malgré ses idées avancées sur la nature du mariage et les relations entre les sexes, la contradiction entre les idées politiques d'Eleanor et les attentes de la société bourgeoise conservatrice la rendit profondément malheureuse. Elle est sujette à des crises de dépression causées par le comportement délétère d'Aveling. Toutes ces contradictions atteignent leur paroxysme avec la mort d'Eleanor lorsqu'elle découvre qu'Aveling s'est secrètement remarié avec une femme plus jeune malgré sa promesse d'épouser Eleanor dès qu'il sera libre de le faire.

Holmes est sceptique quant au verdict du médecin légiste selon lequel Eleanor s'est suicidée, suggérant qu'Aveling était non seulement moralement mais aussi légalement responsable de sa mort. Quoi qu'il en soit, le récit de Holmes appuie la méthode matérialisme historique de Marx en montrant la nature paralysante des contradictions entre l'objectif socialiste de relations égales entre les sexes et l'impossibilité de l'existence de telles relations sous le capitalisme.

Eleanor était en avance sur son temps, et pas seulement sur la question des relations entre les hommes et les femmes. Karl Marx était un fervent amateur de Shakespeare et Eleanor a hérité de son penchant pour la littérature et le théâtre, qu'elle a fermement lié à ses perspectives politiques, comme en témoignent ses conférences sur les idées socialistes du poète Shelley. Eleanor consacre une grande partie de son temps à éduquer les travailleurs sur les aspects de l'art et de la culture, comme l'écrit Holmes : « Les préceptes d'Eleanor en matière d'art étaient clairs. Tout le monde avait le droit de profiter d'une culture et de divertissements stimulants et de bonne qualité ». C'est ainsi qu'elle organisa des séries de conférences extrêmement populaires et des « soirées artistiques » au cours desquelles des lectures de poésie et de littérature étaient données et des pièces de théâtre jouées à l'intention de la classe ouvrière.

Même lors de ses prises de paroles en public, elle ne se privait pas de citer des poètes révolutionnaires. Le 4 mai 1890, lors de la toute première manifestation du 1er mai, dans Hyde Park à Londres, Eleanor Marx prend la parole : « Nous aspirons à ce qu’un jour il n’y ait plus une classe qui en soutient deux autres, mais une société sans oisifs au sommet ni chômeurs à la base », proclame-t-elle, ajoutant ensuite : « Nous devons parler de la cause tous les jours, et faire que les hommes, et surtout les femmes que nous rencontrons, rejoignent nos rangs pour nous aider. » Et elle conclut, reprenant les vers du poète Percy Shelley :

Éveillez-vous de votre sommeil

Lions en foule invincible

Secouez les chaînes qui vous lient à la terre

Comme une rosée tombée pendant la nuit

Vous êtes nombreux, ils sont peu !

Dans Socialisme utopique et socialisme scientifique, Engels parle de la révolution socialiste comme étant « l'ascension de l'homme du royaume de la nécessité au royaume de la liberté ». En d'autres termes, le socialisme ouvre la possibilité de vivre notre vie comme nous l'entendons, et non comme elle nous est dictée par des forces qui échappent à notre contrôle. Un tel monde libérerait les gens de la corvée du travail salarié et précipiterait la floraison, entre autres, de l'art et de la culture en libérant le temps des gens pour qu'ils l'utilisent comme ils l'entendent. Bien que cela ne soit pas réalisable dans les limites du capitalisme, Eleanor voyait les graines de cette société future présentes dans son propre monde et s'efforçait de nourrir ce potentiel autant que possible.

Ses efforts pour élever le niveau culturel, et donc politique, des travailleurs trouvent leur manifestation la plus claire dans l'aide qu'Eleanor a apportée à Will Thorne, dont le quasi-analphabétisme au moment où il a rejoint le mouvement en tant que syndicaliste marxiste a été corrigé par Eleanor, un fait qui a contribué au moins en partie à l'élection de Thorne comme premier secrétaire général du National Union of Gasworkers and General Workers (avec Eleanor également au sein de l'exécutif). Malgré les difficultés liées à l'éducation de personnes contraintes par le capitalisme à de longues heures de travail et à de mauvaises conditions, conditions dont Eleanor a elle-même souffert, Holmes montre comment Eleanor considérait l'éducation politique et culturelle comme inextricablement liée.

Féminisme

Il y a un domaine crucial de la vie et de l'œuvre d'Eleanor Marx sur lequel cette biographie n'est pas aussi claire qu'elle pourrait l'être - la question du féminisme d'Eleanor. Bien que la description d'Eleanor et du pamphlet d'Aveling The Woman Question soit assez bonne, à certains moments de ce chapitre, les opinions d'Eleanor sont injustement dépeintes comme n'étant rien d'autre que celles du féminisme bourgeois. Par exemple, Holmes affirme qu'Eleanor pensait que « les femmes devraient former un front féministe uni, remettant en question, au-delà des divisions de classe, la division et la règle qui régissent la production et la reproduction » (p.261) et, plus loin, que « l'essai historique d'Edward et Eleanor montre clairement que la lutte pour l'émancipation des femmes et l'égalité des sexes est une condition préalable à toute forme efficace de révolution sociale progressiste » (p.262).

Ces déclarations ne sont pas une représentation exacte des opinions d'Eleanor sur la question, et elles sont même contredites par les citations du pamphlet d'Eleanor plus loin dans le chapitre. La faute de cette représentation erronée n'incombe pas nécessairement à Holmes, car le pamphlet contient quelques formulations maladroites qui, sorties de leur contexte, pourraient être interprétées comme ne préconisant rien d'autre qu'un féminisme bourgeois. Par exemple, Eleanor écrit dans ce pamphlet que « les deux classes opprimées, les femmes et les producteurs immédiats, doivent comprendre que leur émancipation viendra d'eux-mêmes ». Cette formulation pourrait laisser entendre qu'Eleanor considère que les femmes dans leur ensemble constituent une classe, alors que les marxistes soulignent que les rapports de classe sont déterminés par notre relation aux moyens de production, et non par le sexe.

Il convient également de noter que ce pamphlet, écrit en 1886, décrit la situation des femmes telle qu'elle était en Grande-Bretagne à l'époque, c'est-à-dire dans un état bien pire qu'aujourd'hui. La revendication des droits démocratiques des femmes avait potentiellement un contenu révolutionnaire beaucoup plus important à l'époque qu'aujourd'hui. Ainsi, Holmes attribue peut-être les revendications démocratiques d'Eleanor à l'idéologie féministe bourgeoise d'aujourd'hui, plutôt qu'à l'idéologie révolutionnaire authentique qui les intégrait à l'époque.

Pris dans son ensemble, le pamphlet prône clairement le socialisme révolutionnaire, et non le féminisme bourgeois. En d'autres termes, Eleanor n'est pas partisane d'un front uni des femmes de toutes les classes - elle plaide pour la révolution prolétarienne et le renversement par la force de la bourgeoisie, y compris des femmes bourgeoises. Elle précise également que, loin que l'égalité des sexes soit une condition préalable nécessaire à la révolution, cette égalité ne deviendra possible que dans le processus et à la suite d'une révolution. Cette attitude est résumée par le passage suivant du pamphlet d'Eleanor :

« Le premier pas [vers l'émancipation des femmes] est l'expropriation de toute la propriété privée de la terre et de tous les autres moyens de production. Il en résulterait l'abolition de l'État tel qu'il est aujourd'hui. Il n'y a pas de confusion plus fréquente quant à nos objectifs que celle qui conduit les esprits étourdis à imaginer que les changements que nous souhaitons peuvent être réalisés et que les conditions qui en découlent peuvent exister sous un régime d'État tel que celui d'aujourd'hui [càd capitaliste] ».

Il est regrettable que la biographie n'explique pas plus clairement la position socialiste révolutionnaire d'Eleanor sur la question des femmes. L'implication erronée qu'Eleanor était une avocate du féminisme bourgeois atténue le côté révolutionnaire de ses idées et permet aux féministes bourgeoises de s'approprier son héritage, alors qu'en réalité les réalisations d'Eleanor sont dues à ses idées marxistes et non à celles du féminisme.

Jacqueline Rose, universitaire post-moderniste et féministe à Queen Mary, Université de Londres, a déclaré à propos de la biographie qu'elle « redonnait à Marx le statut qui lui revient, celui d'une des figures fondatrices de la pensée révolutionnaire et féministe du vingtième siècle ». En réalité, le travail d'Eleanor n'était qu'une continuation du travail de son père et d'Engels, et non la fondation d'une école de pensée féministe bourgeoise. Il s'agit là d'un point politique important qui mérite d'être clarifié afin de ne pas nuire à la politique marxiste révolutionnaire d'Eleanor.

Des leçons pour aujourd'hui

Mme Holmes profite de la postface de la biographie pour tirer de la vie et de l'œuvre d'Eleanor des leçons pertinentes pour le monde d'aujourd'hui. Elle souligne les attaques contre les travailleurs et les pauvres qui ont lieu aujourd'hui et déclare : « C'est presque comme si nous nous étions convaincus que l'inégalité, le consumérisme et le capitalisme mondial des marchandises étaient un système économique naturellement inné auquel il n'y a pas d'alternative viable ». Malheureusement, Holmes ne suit pas les traces d'Eleanor et ne plaide pas en faveur du socialisme, mais son évaluation et sa compréhension des idées de Marx, du moins dans les grandes lignes, laissent au lecteur l'espoir qu'elle ne serait pas insensible à la lutte révolutionnaire pour le socialisme.

Cette biographie rend justice à la vie remarquable de la fille la plus jeune et la plus active politiquement de Karl Marx. Les informations et les leçons qu'elle contient seront d'un grand intérêt pour les marxistes d'aujourd'hui.

 

La Commune de Paris fut l’un des plus grands épisodes de l’histoire de la classe ouvrière française. Entre le soulèvement du 18 mars et la « Semaine sanglante », fin mai, Paris fut dirigé par les organes démocratiques des travailleurs, qui ont tenté de réorganiser la société sur des bases entièrement nouvelles – sans exploitation ni oppression. Les leçons de ces événements sont toujours d’une très grande actualité.

Vingt ans auparavant, Napoléon III avait pris le pouvoir lors du coup d’Etat militaire, le 2 décembre 1851. Au début, son régime semblait inébranlable. Les organisations ouvrières étaient réprimées. Mais vers la fin des années 1860, le régime impérial était sérieusement affaibli par l’épuisement de la croissance économique, les répercussions des guerres (en Italie, en Crimée, au Mexique) et la résurgence du mouvement ouvrier. Seule une nouvelle guerre – et une victoire rapide – pouvait retarder la chute de « Napoléon le Petit ». En juillet 1870, il déclara la guerre à la Prusse de Bismarck.

La guerre et la révolution

La guerre mène souvent à la révolution. Et pour cause : la guerre arrache subitement les peuples à leur routine quotidienne et les jette dans l’arène des grandes actions historiques. Les masses examinent beaucoup plus attentivement qu’en période de paix le comportement des chefs d’Etat, des généraux et des politiciens. C’est particulièrement vrai en cas de défaite. Or, l’offensive militaire lancée par Napoléon III tourna vite au fiasco. Le 2 septembre, près de Sedan, l’Empereur fut arrêté par l’armée de Bismarck, en même temps que 75 000 soldats. A Paris, des manifestations massives réclamaient la fin de l’Empire et la proclamation d’une République démocratique.

Sous cette pression de la rue, l’opposition républicaine « modérée » proclama la République le 4 septembre. Un « Gouvernement de Défense Nationale » fut installé. Ministre des Affaires étrangères, le républicain bourgeois Jules Favre déclara pompeusement que « pas un pouce de terrain et pas une pierre de nos forteresses » ne seraient cédés aux Prussiens.

Les troupes allemandes encerclèrent rapidement Paris et placèrent la ville en état de siège. Dans un premier temps, la classe ouvrière parisienne accorda son soutien au nouveau gouvernement, au nom de « l’unité » contre l’ennemi étranger. Mais le cours ultérieur des événements brisa cette unité et fit apparaître au grand jour les intérêts de classe contradictoires qu’elle recouvrait.

En réalité, le Gouvernement de Défense Nationale ne croyait ni possible, ni même désirable de défendre Paris. En dehors de l’armée régulière, une milice forte de 200 000 hommes, la Garde Nationale, se déclara prête à défendre la ville. Mais ces travailleurs armés à l’intérieur de Paris constituaient une menace bien plus grande pour les intérêts des capitalistes français que l’armée étrangère aux portes de la cité. Le gouvernement pensait qu’il était préférable de capituler dès que possible face à Bismarck. Cependant, étant donné l’état d’esprit combatif de la Garde Nationale, le gouvernement ne pouvait pas déclarer publiquement ses intentions. Le ministre et général Trochu comptait sur les effets économiques et sociaux du siège pour briser la résistance des travailleurs parisiens. Le gouvernement voulait gagner du temps ; tout en se déclarant favorable à la défense de Paris, il engagea des négociations secrètes avec Bismarck.

Les semaines passant, l’hostilité des travailleurs parisiens envers le gouvernement augmentait. Des rumeurs sur des négociations avec Bismarck circulaient. Le 8 octobre, la chute de Metz provoqua une nouvelle manifestation de masse. Le 31 octobre, plusieurs contingents de la Garde Nationale attaquèrent et occupèrent temporairement l’Hôtel de Ville. A ce stade, cependant, la masse des travailleurs n’était pas encore prête à une offensive décisive contre le gouvernement. Isolée, l’insurrection s’essouffla rapidement.

Dans Paris, le siège avait des conséquences désastreuses. Il était urgent de le briser. Après l’échec de la sortie en direction du village de Buzenval, le 19 janvier 1871, le général Trochu n’eut d’autre choix que de démissionner. Il fut remplacé par Vinoy, qui déclara d’emblée qu’il n’était plus possible de vaincre les Prussiens. Il était clair pour tous, désormais, que le gouvernement voulait capituler – ce qu’il fit le 27 janvier.

Parisiens et « ruraux »

Aux élections de l’Assemblée Nationale, en février, les votes de la paysannerie donnèrent une majorité écrasante aux candidats monarchistes et conservateurs. La nouvelle Assemblée nomma Adolphe Thiers – un réactionnaire endurci – à la tête du gouvernement. Un conflit entre Paris et l’Assemblée « rurale » était inévitable. Mais en relevant la tête, le danger contre-révolutionnaire donna une puissante impulsion à la révolution parisienne. Les manifestations armées de la Garde Nationale se multipliaient, massivement soutenues par les couches les plus pauvres de la population. Les travailleurs en armes dénonçaient Thiers et les monarchistes comme des traîtres et en appelaient à la « guerre à outrance » pour la défense de la République.

L’Assemblée Nationale provoquait constamment les Parisiens. Le siège avait mis de nombreux travailleurs au chômage ; les indemnités versées aux gardes nationaux étaient tout ce qui les séparait de la famine. Or, le gouvernement supprima les indemnités payées à chaque garde qui ne pouvait prouver qu’il était incapable de travailler. Il décréta également que les arriérés de loyer et toutes les créances devaient être réglés dans les 48 heures. Ces mesures, et d’autres encore, frappèrent de plein fouet les plus pauvres, mais aboutirent aussi à une radicalisation des classes moyennes.

La capitulation du gouvernement face à Bismarck et la menace d’une restauration monarchiste menèrent à une transformation de la Garde Nationale. Un « Comité Central de la Fédération de la Garde Nationale » fut élu, représentant 215 bataillons équipés de 2000 canons et 450 000 fusils. De nouveaux statuts furent adoptés, stipulant « le droit absolu des Gardes nationaux d’élire leurs dirigeants et de les révoquer aussitôt qu’ils perdraient la confiance de leurs électeurs ». Ce Comité Central et les structures correspondantes, au niveau des bataillons, préfiguraient les soviets de travailleurs et de soldats qui firent leur apparition, en Russie, au cours des révolutions de 1905 et 1917.

La nouvelle direction de la Garde Nationale eut rapidement l’occasion de tester son autorité. Alors que l’armée prussienne s’apprêtait à entrer dans Paris, des dizaines de milliers de Parisiens armés se rassemblèrent avec l’intention d’attaquer les envahisseurs. Le Comité Central intervint pour empêcher un combat inéquitable et pour lequel il n’était pas encore préparé. En imposant sa volonté sur cette question, le Comité Central démontrait que son autorité était reconnue par la majorité de la Garde Nationale et des Parisiens. Les forces prussiennes occupèrent une partie de la ville pendant deux jours, puis s’en retirèrent.

Le 18 mars

Aux « ruraux » de l’Assemblée, Thiers avait promis de restaurer la monarchie. Mais sa tâche immédiate était de mettre un terme à la situation de « double pouvoir » qui existait à Paris. Les canons sous le contrôle de la Garde Nationale – et en particulier ceux des hauteurs de Montmartre – symbolisaient la menace contre « l’ordre » capitaliste. Le 18 mars, à 3 heures du matin, 20 000 soldats et gendarmes furent envoyés, sous le commandement du général Lecomte, pour saisir ces canons. Cela se fit sans trop de difficultés. Cependant, les commandants de l’expédition n’avaient pas pensé aux attelages nécessaires pour déplacer les canons. A 7 heures, les attelages n’étaient toujours pas arrivés. Dans son Histoire de la Commune, Lepelletier décrit ce qui se passa : « Bientôt, le tocsin se mit à sonner et l’on entendait, dans la chaussée Clignancourt, les tambours battre la générale. Rapidement, ce fut comme un changement de décor dans un théâtre : toutes les rues menant à la Butte s’emplirent d’une foule frémissante. Les femmes formaient la majorité ; il y avait aussi des enfants. Des gardes nationaux isolés sortaient en armes et se dirigeaient vers le Château-Rouge. »

Barricade rue de la Bonne Montmartre Commune Paris 1871

Les soldats furent encerclés par une foule sans cesse croissante. Les habitants du quartier, les gardes nationaux et les hommes de Lecomte étaient pressés les uns contre les autres. Certains soldats fraternisaient ouvertement avec les gardes. Dans une tentative désespérée de réaffirmer son autorité, Lecomte ordonna à ses hommes de tirer sur la foule. Personne ne tira. Les soldats et les gardes nationaux poussèrent alors des acclamations et s’étreignirent mutuellement. Très vite, Lecomte et Clément Thomas furent arrêtés. Des soldats en colère les exécutèrent peu après. Clément Thomas était connu pour avoir fait tirer sur les travailleurs insurgés en juin 1848.

Thiers n’avait pas prévu la défection des troupes. Pris de panique, il s’enfuit de Paris. Il ordonna à l’armée et aux administrations d’évacuer complètement la ville et les forts environnants. Il voulait éloigner l’armée de la « contagion » révolutionnaire. Une partie des soldats – certains ouvertement insubordonnés, chantant et scandant des slogans révolutionnaires – se retirèrent dans le désordre vers Versailles.

Avec l’effondrement du vieil appareil d’Etat à Paris, la Garde Nationale prit tous les points stratégiques de la ville sans rencontrer de résistance significative. Le Comité Central n’avait joué aucun rôle dans ces événements. Et pourtant, le soir du 18 mars, il découvrit que, malgré lui, il était devenu le gouvernement de facto d’un nouveau régime révolutionnaire basé sur le pouvoir armé de la Garde Nationale.

Vacillations du Comité Central

La première tâche que la majorité des membres du Comité Central se fixa fut de se débarrasser du pouvoir. Après tout, disaient-ils, nous n’avons pas de « mandat légal » pour gouverner ! Au terme de longues discussions, le Comité Central accepta avec réticence de rester à l’Hôtel de Ville pour les « quelques jours » pendant lesquels des élections municipales (communales) pourraient être organisées.

Le problème immédiat auquel le Comité Central faisait face était l’armée en route pour Versailles, sous la direction de Thiers. Eudes et Duval proposèrent de faire immédiatement marcher la Garde Nationale sur Versailles, de façon à briser ce qui restait de force à la disposition de Thiers. Mais ils ne furent pas écoutés. La majorité du Comité Central jugeait préférable de ne pas « apparaître comme les agresseurs ». Le Comité Central était composé, dans sa majorité, d’hommes honnêtes mais très modérés, trop modérés.

L’énergie du Comité Central fut absorbée dans de longues négociations sur la date et les modalités des élections communales. Elles furent finalement fixées au 26 mars. Thiers utilisa ce temps précieux à son avantage. Avec l’aide de Bismarck, l’armée regroupée à Versailles fut massivement renforcée en effectifs et en armes, dans le but de lancer une attaque contre Paris.

A la veille des élections, le Comité Central de la Garde Nationale publia une déclaration remarquable qui résume l’esprit d’abnégation et de probité qui caractérisait le nouveau régime : « Notre mission est terminée. Nous allons céder la place dans notre Hôtel de Ville à vos nouveaux élus, à vos mandataires réguliers. » Le Comité Central n’avait qu’une seule consigne à donner aux électeurs : « Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre propre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous des ambitieux et des parvenus [...] Défiez-vous des parleurs, incapables de passer à l’action [...] »

Le programme de la Commune

La Commune nouvellement élue remplaça le commandement de la Garde Nationale comme gouvernement officiel du Paris révolutionnaire. La majorité de ses 90 membres peut être décrite comme « républicaine de gauche ». Les militants de l’Association Internationale des Travailleurs (dirigée, entre autres, par Karl Marx) et les blanquistes (hommes énergiques, mais politiquement confus) représentaient ensemble près d’un quart des élus de la Commune. Les quelques élus de droite démissionnèrent de leurs postes sur divers prétextes.

Sous la Commune, tous les privilèges des hauts fonctionnaires de l’Etat furent abolis. On décréta notamment qu’ils ne devaient pas percevoir davantage, pour leur service, que le salaire d’un ouvrier qualifié. Ils étaient aussi révocables à tout moment.

Les loyers furent gelés. Les fabriques abandonnées furent placées sous le contrôle des travailleurs. Des mesures furent prises pour limiter le travail de nuit et garantir la subsistance des pauvres et des malades. La Commune déclara vouloir ainsi « mettre un terme à la concurrence anarchique et ruineuse entre les travailleurs au profit des capitalistes ». La Garde Nationale fut ouverte à tous les hommes aptes au service militaire – et organisée sur des principes strictement démocratiques. Les armées permanentes « séparées du peuple » furent déclarées illégales.

L’Eglise fut séparée de l’Etat et la religion déclarée « affaire privée ». Les logements et les bâtiments publics furent réquisitionnés pour les sans-logis, l’éducation publique ouverte à tous, de même que les lieux de culture et d’apprentissage. Les travailleurs étrangers étaient considérés comme des alliés dans la lutte pour une « république universelle ». Des réunions avaient lieu nuit et jour ; des milliers d’hommes et de femmes ordinaires y discutaient de la façon dont devaient être organisés les différents aspects de la vie sociale dans l’intérêt du « bien commun ». Les caractéristiques de la société nouvelle qui prenait forme, à Paris, étaient clairement socialistes.

La défaite

Il est vrai que les communards ont commis de nombreuses erreurs. Marx et Engels leur ont reproché – à juste titre – de ne pas avoir pris le contrôle de la Banque de France, qui continuait à verser des millions de francs à Thiers, lequel s’en servait pour armer et réorganiser ses forces.

De même, la menace des Versaillais fut clairement sous-estimée par la Commune, qui non seulement ne tenta pas de les attaquer – du moins jusqu’à la première semaine d’avril –, mais ne s’est même pas sérieusement préparée à se défendre. Le 2 avril, un détachement communard se dirigeant vers Courbevoie fut attaqué et repoussé vers Paris. Les prisonniers aux mains des forces de Thiers furent exécutés. Le jour suivant, sous la pression de la Garde Nationale, la Commune lança une attaque contre Versailles. Mais malgré l’enthousiasme des bataillons communards, le manque de préparation militaire et politique condamnait à l’échec cette sortie tardive. Les dirigeants de la Commune croyaient que, comme le 18 mars, l’armée de Versailles rallierait la Commune à la simple vue de la Garde Nationale. Il n’en fut rien.

Ce revers fit déferler sur Paris une vague de défaitisme. L’optimisme résolu des premières semaines fit place au pressentiment d’une défaite imminente, ce qui accentua les divisions à tous les niveaux du commandement militaire. Finalement, l’armée de Versailles entra dans Paris le 21 mai. A l’Hôtel de Ville, la Commune était dépourvue, au moment décisif, d’une stratégie militaire sérieuse. Elle cessa tout simplement d’exister, abdiquant toutes ses responsabilités au profit d’un Comité de Salut Public totalement inefficace.

Les Gardes nationaux furent postés au combat « dans leurs quartiers », sans commandement centralisé. Cette décision empêcha toute concentration de forces communardes capable de résister à la poussée des troupes versaillaises. Les communards combattirent avec un immense courage, mais furent graduellement repoussés vers l’est de la cité, et finalement vaincus le 28 mai. Les derniers communards qui résistaient furent fusillés dans le 20e arrondissement, devant le « Mur des Fédérés », que l’on peut encore voir au cimetière du Père-Lachaise. Au cours de la « Semaine sanglante », les forces de Thiers massacrèrent au moins 30 000 hommes, femmes et enfants, puis firent autour de 20 000 victimes supplémentaires dans les semaines suivantes.

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L’Etat ouvrier

La Commune de Paris fut le premier gouvernement ouvrier de l’histoire. Dans La Guerre Civile en France, Marx expliqua que la Commune avait prouvé la chose suivante : les travailleurs « ne peuvent pas (…) se contenter de prendre l’appareil d’Etat existant et de faire fonctionner cet instrument pour son propre compte. La première condition pour conserver le pouvoir politique, c’est de (…) détruire cet instrument de domination de classe ». Précisément, les communards ont tenté de construire un nouvel Etat – un Etat ouvrier – sur les ruines de l’Etat capitaliste (à Paris). Ce faisant, ils ont montré quelles sont les caractéristiques fondamentales d’un Etat ouvrier : pas de bureaucratie ; pas d’armée séparée du peuple ; pas de fonctionnaires privilégiés ; élection et révocabilité de tous les officiels, etc.

Les communards n’eurent pas le temps de consolider leur pouvoir. Leur isolement – dans une France encore largement paysanne – leur fut fatal. Aujourd’hui, à l’inverse, c’est le salariat qui domine d’une façon écrasante. Les bases économiques de la révolution socialiste sont beaucoup plus mûres qu’au XIXe siècle. A nous, donc, de faire advenir la société socialiste, libre et démocratique, pour laquelle les communards se battirent et moururent.

Cela peut surprendre, mais la Belgique a une grande tradition de « grève générale ». Sous « grève générale », on entend aussi bien son expression la plus simple, telle que la grève nationale et interprofessionnelle de 24h du prochain 31 mars, que la grève nationale et interprofessionnelle de plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Les objectifs de ces grèves sont à la fois politiques et économiques. Leur trait commun est qu’elles concernent toute la classe ouvrière dans son ensemble. L’exemple classique belge est la grève de 1960-1961, qui a duré 5 semaines. En fait, la première grève générale en Europe a eu lieu en Belgique. Et ce n'est pas un hasard, parce que c'est en Belgique que se concentre, à la fin du 19ème siècle début du 20ème siècle, une classe ouvrière industrielle très importante.

Issu d’une famille bourgeoise et protestante, André Gide (1869-1951) a longtemps navigué fort loin du mouvement communiste. C’est seulement à l’âge de 62 ans, en 1932, qu’il se rapproche du PCF et déclare son « amour » à l’URSS. La montée du fascisme en Allemagne fut l’un des principaux facteurs de cette évolution politique.

Article qui date de l'an 2000

Comment expliquer la dégénérescence de la révolution russe ?

Les apologues du capitalisme ne se lassent pas d’interpréter l’effondrement de l’Union Soviétique comme la preuve tangible de l’impossibilité historique du communisme.

Il y a 55 ans, l’émeute à la sortie du bar Stonewall Inn, situé sur Christopher Street dans le Greenwich Village de la ville de New York, marquait un tournant dans la lutte pour l’émancipation des personnes LGBTQ. Ce soir-là, le bar est victime d’un autre raid policier, comme c’est la coutume à l’époque avec les bars gays. Mais cette fois, les personnes LGBTQ ne se laissent pas marcher sur les pieds et tiennent tête à la police de New York dans une fin de semaine d’émeutes sans précédent.

Aujourd'hui, il y a 50 ans débuttait la fameuse 'révolution des oeillets' au Portugal. Ce texte a été écrit en juin 1974, quelques semaines après l’effondrement de la dictature militaire de Caetano. Alan Woods y analysait les forces et les faiblesses de la révolution portugaise, et dessinait des perspectives.

Il y a 100 ans, le 21 janvier 1924, mourait Vladimir Illitch Oulianov, mondialement connu sous le nom de Lénine comme le principal dirigeant du parti bolchevik et de la révolution d’Octobre 1917, en Russie.

Aujourd’hui (comme hier), les historiens et les journalistes bourgeois dépeignent Lénine comme un dictateur sanguinaire et un précurseur de Staline. La plupart des dirigeants réformistes du mouvement ouvrier ne s’élèvent pas au-dessus de cette calomnie. Ce faisant, tous cherchent à dissuader les jeunes et les travailleurs de se tourner vers les idées de Lénine. Et pour cause : elles sont toujours d’une actualité brûlante.

Ce court article de Karl Marx, publié dans le New York Daily Tribune en 1857, commente la rébellion indienne qui a éclaté la même année contre la Compagnie britannique des Indes orientales. En quelques lignes, Marx dénonce l’hypocrisie de la bonne société anglaise horrifiée par la violence des rebelles alors qu’elle est le produit de décennies d’oppression. Ses propos sont d’une grande pertinence aujourd’hui dans le contexte des événements en Israël-Palestine.

Hier soir, à minuit et quart, j'ai reçu un appel téléphonique du Mexique m'annonçant une nouvelle qui m'a profondément marqué. J'ai appris que mon vieil ami et camarade Esteban Volkov n'était plus. Bien que je ne puisse pas dire que cette nouvelle était totalement inattendue, puisque Esteban avait atteint l'âge de 97 ans en mars, elle m'a néanmoins rempli d'un profond sentiment de perte, non seulement d'un ami très cher, mais aussi du dernier lien physique avec l'un des plus grands révolutionnaires de tous les temps, Léon Trotsky.

Dans un discours prononcé le 21 février 2022 devant la nation russe, Poutine a prétendu que « l'Ukraine a été créée par Lénine ».

La vérité est que la Révolution d'Octobre a eu le grand mérite de libérer les nationalités qui avaient été opprimées par la Russie tsariste, que Lénine qualifiait de « prison des nations », et qui refusait tout droit aux minorités ethniques. Voici une lettre de Lénine, écrite en décembre 1919, qui développe en quelques pages la position du marxisme sur la question des nationalités.

Le 20 août 1940, à Mexico, un agent de Staline assassinait lâchement Léon Trotsky. A l’époque, ce dernier travaillait justement à la rédaction d’une biographie de Staline. Dans les décennies qui suivirent, toutes les éditions de ce chef d’œuvre inachevé furent très insatisfaisantes. Mais en 2016, au terme de dix années de travail, la Tendance Marxiste Internationale (TMI) a publié – d’abord en anglais – la version de Staline la plus complète et, sans doute, la plus proche des intentions de son auteur.

Notre lutte contre la capitalisme n'est pas seulement économique, politique et sociale mais également idéologique et philosophique. Le but de cette journée de formation est de prendre connaissance avec la vision marxiste de l'histoire, le matérialisme historique. Inscrivez-vous vite.

 
 

Cet article a été publié le 1er novembre 2017 sur marxist.com.

Aucun événement dans l’histoire humaine n’a été l’objet d’autant de distorsions, de calomnies et de falsifications que la Révolution russe. Nous publions ici la liste – établie par notre camarade Alex Grant de la section canadienne de la TMI – des dix mensonges les plus absurdes portés contre les bolcheviks et Octobre 1917.

 
 
 

Il y a 40 ans, le 10 mai 1981, François Mitterrand remportait l’élection présidentielle. Un mois plus tard, les partis de gauche gagnaient très largement les élections législatives. Pour la première fois de l’histoire de France, la gauche arrivait seule au pouvoir, sous la forme d’un gouvernement de coalition entre le Parti Socialiste et le Parti Communiste.

 
 
 

La Commune de 1871 fut l’un des plus grands épisodes de l’histoire de la classe ouvrière française. Au cours d’un mouvement révolutionnaire d’une portée jusqu’alors inconnue, l’Etat capitaliste a été remplacé par les organes de gouvernement des travailleurs.

 
 
 
 
 

‘’Le capitalisme engendre ses propres fossoyeurs.’’ Avec cette phrase, Marx et Engels ont souligné à la fois les contradictions du capitalisme et le potentiel révolutionnaire de la classe ouvrière. En Angleterre, pays où le capitalisme se développa en premier, cette phrase prit un sens concret au XIXe siècle. Des millions de travailleurs soutinrent la "Charte du peuple". L'objectif : le changement ! La méthode : une pétition ! Le résultat : le premier mouvement de masse mené par la classe ouvrière !

A l'occasion du 200ème anniversaire de la naissance de Friedrich Engels nous publion les 'Souvenirs personnels sur Friedrich Engels' publiés par Paul Lafargue, gendre de Karl Marx et l’un de ses plus proches collaborateurs. Paru dans Die Neue Zeit, 23 Jhrg., 1904-1905.

 

Publié en mai 1970, ce document de Ted Grant peut être considéré comme l’un des textes fondateurs de la Tendance Marxiste Internationale.

A l’époque, Ted Grant était le principal théoricien d’une organisation trotskyste britannique, Militant, qui comptait autour de 200 membres. En 1965, cette organisation avait été exclue de la IVe Internationale « réunifiée » et dirigée par le « Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale » (SUQI).

Depuis la fin des années 30, Ted Grant avait activement participé à la vie interne et publique de la IVe Internationale (dont il fut exclu plusieurs fois). Mais après son exclusion de 1965, il fit le bilan de cette longue expérience et en conclut que la dégénérescence des organisations se réclamant de la IVe Internationale avait atteint un point de non-retour. Il fallait poser les bases d’une nouvelle Internationale révolutionnaire.

Il a 100 ans, la police nord-américaine montait un coup contre deux militants anarchistes d’origine italienne.Comme en Europe, les années 1919 et 1920 sont difficiles aux États-Unis, frappés par l'inflation. La montée du syndicalisme provoque de nombreuses grèves dans tout le pays.

Cette vidéo reprend l’intervention d’Erik Demeester, rédacteur de Révolution, lors du débat sur les ‘Luttes hors cadre’, au Festival des Libertés, le 26 octobre 2019. Il y aborde la révolution allemande de 1919 et l’émergence des conseils ouvriers et de soldats.

La Révolution française de 1789 – 1794 a marqué la fin du régime féodal en France. Pourtant, la bourgeoisie française éprouve aujourd’hui de la gêne, voire de l’hostilité, face à cet événement fondateur de son propre règne. Seuls les débuts de la Révolution sont glorifiés, présentés comme la victoire d’un peuple uni face aux injustices de l’Ancien Régime. La suite est souvent présentée comme le déferlement de violence d’une populace inculte et manipulée par des révolutionnaires fanatiques.

En Belgique comme dans de nombreux pays du monde, le mois mai mais surtout le mois de juin est celui de la Marche des Fiertés, parfois appelée Pride, un nom qui met en valeur les origines américaines de cet évènement.

Une brève introduction par Alan Woods

Il est bien connu qu’un accident peut jouer un rôle considérable dans l’histoire comme dans la vie des individus. Au cours de ma vie, j’ai pu observer de nombreux accidents et coïncidences extraordinaires. Mais je n’avais vécu un tel enchaînement de circonstances comme celui que je vais vous relater ici.


Il y a un siècle, en mars 1919, la IIIe Internationale (l’Internationale Communiste, IC) tenait son premier Congrès à Moscou. Ses dirigeants – dont Lénine et Trotsky – la concevaient comme « le Parti mondial de la révolution socialiste ».

Ce texte est la transcription légèrement modifiée d’un exposé fait lors de l’Ecole Francophone Internationale à Genève en novembre 2018.

Rosa Luxembourg fait partie de notre héritage politique. Elle est une figure qu’on place dans le panthéon des grandes personnalités du socialisme révolutionnaire et du mouvement ouvrier international. Certes, Rosa Luxembourg a fait des erreurs et a eu des polémiques très dures avec ou contre Lénine et avec les Bolchéviques en 1917. Mais chaque fois qu’elle exprimait des divergences avec Lénine ou Trotsky ou polémiquait sur certaines questions, elle le faisait dans le cadre du marxisme révolutionnaire avec un unique objectif : la révolution socialiste.

Le 10 octobre 1918, un accord international est conclu afin de pouvoir commencer les négociations de paix ; l’occupation allemande entre alors dans ses dernières heures. Pourtant, de nouveaux problèmes se posent : le peuple belge craint le comportement arbitraire des soldats mutins.

Mai 68 sera toujours lié aux événements révolutionnaires en France. Le plus grand mouvement de grève générale de l'histoire (jusqu'à présent) a poussé le capitalisme de l'hexagone au bord de l'abîme. Mais ces événements ont également eu un impact sur la lutte des travailleurs en Belgique – et comment en aurait-il pu être autrement ? – sous la forme d'un mouvement de grève d’une ampleur spectaculaire.

Cette année, nous célébrons le cinquantième anniversaire de la formidable année révolutionnaire qu’était 1968. Ce numéro de notre revue y est en grande partie dédié.

La Bataille de Stalingrad (aujourd’hui Volgograd) représente le véritable tournant de la Seconde Guerre mondiale. Près de 800 000 soldats allemands, italiens ou roumains furent tués ou capturés, dont la totalité de la Sixième Armée allemande et son commandant en chef. Défaite cuisante pour Hitler, cette bataille mit fin à la toute-puissance de la Wehrmacht. L’affrontement atteint des proportions titanesques ; par comparaison, la Bataille d’El Alamein, victoire britannique, ne fut qu’une escarmouche.

La révolution de Février avait renversé le régime tsariste et débouché sur une situation de « double pouvoir » : d’un côté, un « gouvernement provisoire » représentant la bourgeoisie ; de l’autre, les soviets reposant sur les ouvriers et les soldats. Après la répression des journées de Juillet, la réaction s’enhardit et tenta de liquider la révolution à travers l’offensive du général Kornilov. L’échec de cette tentative réactionnaire ouvrit la voie à la révolution d’Octobre...

A l’occasion du centenaire de la Révolution russe, nous lui consacrons des articles, en suivant la chronologie. Le précédent article portait sur la tentative de putsch de Kornilov. Rappelons que la révolution de Février, qui renversa le régime tsariste, déboucha sur une situation de « double pouvoir » : d’un côté, le « gouvernement provisoire » représentant la bourgeoisie ; de l’autre, les soviets reposant sur les ouvriers et les soldats. Après la répression des « journées de Juillet », la réaction essaya de liquider la révolution. Cette tentative, dirigée par le général Kornilov, échoua face à une mobilisation des masses, dans laquelle le parti bolchevik avait joué un rôle central, sans pour autant cesser de critiquer le « gouvernement provisoire » de Kerensky.

La révolution russe fut la manifestation spectaculaire d’un monde en mouvement. Elle fut une expérience historique en son sens le plus fort : une expérience de l’histoire, une histoire portée dans les consciences, réalisée ici et maintenant pour la mener à son point de rupture. La destruction du vieil ordre tsariste projetait alors la Russie dans la modernité la plus radicale.

A l’occasion du centenaire de la Révolution russe, nous lui consacrons un article en suivant la chronologie. Le précédent article portait sur les journées de juin et de juillet, point culminant de la répression massive du mouvement révolutionnaire par le gouvernement provisoire.

Dans l’Amérique des années 20, les noirs et les travailleurs immigrés ne gagnaient qu’un peu plus de la moitié de ce que pouvait gagner un Américain « de souche ». Les capitalistes finançaient l’incitation à la haine raciale. En 1924, le Ku Klux Klan comptait quatre à cinq millions d’adhérents. Il propageait la haine contre les étrangers, contre le syndicalisme et le communisme. Des noirs et des militants ouvriers étaient régulièrement battus, mutilés et assassinés.

Etudiez les enseignements de la révolution russe ! Cette page spéciale dédiée au centenaire de la révolution d'octobre sera régulièrement actualisée. 

Nous publions un texte de l’historien marxiste français, Pierre Broué (1926 – 2005), auteur d’ouvrages qui sont de véritables trésors sur l'histoire des révolutions et de l'Opposition de Gauche contre Staline en Union Soviétique. En réaction à l'image d'un parti bolchévique austère et dictatorial, il se penche dans cet article sur la vivacité du parti et la façon dont ses membres vécurent leur militantisme. En vue du centenaire de la Révolution russe, il nous semble nécessaire de raviver cet esprit révolutionnaire et de s'en inspirer pour la lutte actuelle et à venir. Cet article a été publié par une revue qui a disparu depuis, Politique, la revue (nr 6. 1997).

Dans la troisième partie de L'avènement du bolchévisme, Trotsky aborde la formation du gouvernement soviétique, les difficultés face à la tentative de contre-révolution, ainsi que la question de la dissolution de l'Assemblée constituante, en janvier 1918.

Cet article est extrait d’une brochure sur le contrôle ouvrier (en Anglais) rédigée par Rob Lyon. Il y analyse les expériences de contrôle et de gestion ouvrière en Russie, après la Révolution, qui offrent d’inestimables leçons aux travailleurs du monde entier. Les intertitres sont du traducteur.