La guerre d’extermination menée contre les Gazaouis par l’Etat israélien suscite la colère de millions de personnes à travers le monde. Elle a généré aussi une hausse des agressions et des provocations antisémites, dont la tentative d’attentat contre la synagogue de la Grande-Motte n’est qu’un des derniers exemples.

Comme toutes les formes de racisme, l’antisémitisme doit être combattu par le mouvement ouvrier. Mais cela suppose d’en comprendre les causes. La responsabilité de ces actes retombe principalement sur les classes dirigeantes françaises et israéliennes, qui font tout leur possible pour présenter les Juifs du monde entier comme solidaires de leurs crimes.

Les crimes du sionisme

Le premier violon de cet orchestre de mensonges est le gouvernement israélien. Depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, les dirigeants sionistes prétendent que toute critique de l’oppression qu’ils font subir aux Palestiniens équivaut à de l’antisémitisme. La bourgeoisie française répète ce discours au mot près. En 2019, lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), l’une des principales organisations sionistes françaises, Emmanuel Macron affirmait par exemple : « l’antisionisme est une des formes contemporaines de l’antisémitisme ».

L’absurdité d’une telle déclaration est frappante. Que dire, pour commencer, des nombreux Juifs qui n’approuvent pas les crimes de l’armée israélienne, participent aux manifestations de soutien à la Palestine et s’opposent au colonialisme sioniste ? Sarah Friedland, une cinéaste juive américaine, a récemment dédié aux Palestiniens le prix qu’elle a reçu à la Mostra de Venise. A cette occasion, elle a affirmé : « Je reçois ce prix au 336e jour du génocide israélien à Gaza et à la 76e année de l’occupation. [...] Je suis solidaire du peuple palestinien dans sa lutte pour sa libération ». Est-ce que cela en fait une antisémite ?

Il n’y a rien d’antisémite dans le fait d’être révulsé par les crimes abominables commis par l’Etat sioniste. Depuis 1948, le peuple palestinien a été victime d’un nettoyage ethnique sanglant et soumis à une occupation militaire brutale. A l’heure où nous écrivons ces lignes, l’aviation israélienne bombarde sans relâche la bande de Gaza et le Liban, les soldats israéliens et les colons sionistes multiplient les raids meurtriers en Cisjordanie et les services secrets israéliens organisent des attentats terroristes au Liban.

Alors que des milliards de personnes, à travers le monde, sont les spectateurs horrifiés de la boucherie orchestrée par le gouvernement israélien, les propagandistes sionistes qui prétendent « défendre les Juifs » répètent en boucle : « si vous êtes contre ce carnage, c’est que vous êtes antisémite ! ». Ce faisant, ils contribuent à détourner contre les Juifs une partie de la colère provoquée par les crimes du sionisme.

Hypocrisie

En réalité, ces gens se contrefichent du sort des Juifs. Les cris d’orfraie qu’ils poussent contre l’antisémitisme ne sont qu’une manœuvre cynique. Pour la droite israélienne, ce n’est qu’un argument commode pour appeler les Juifs européens à faire leur « aliyah », c’est-à-dire à émigrer en Israël.

Pour la classe dirigeante française, c’est une nouvelle occasion d’attaquer la gauche et les immigrés. A grand renfort d’analyses pseudo-sociologiques, la soi-disant « lutte contre l’antisémitisme » est devenue – au même titre que la prétendue « défense de la laïcité » – une composante de la campagne raciste contre les musulmans, qui sont présentés comme naturellement antisémites.

Tout cela est d’autant plus hypocrite que certains des soi-disant « défenseurs des Juifs » ont un pedigree pour le moins douteux. Pour ne prendre qu’un exemple, Gérald Darmanin, grand pourfendeur de « l’antisémitisme », est l’auteur d’un livre publié en 2021 dans lequel il faisait l’apologie des mesures antisémites de Napoléon Ier, qu’il décrivait comme une « lutte pour l’intégration avant l’heure » !

« La seule voie de salut »

Dans ce contexte, de très nombreux jeunes et travailleurs juifs cherchent désespérément une façon de combattre la haine dont ils sont la cible – sans, pour autant, servir de caution à la propagande raciste du gouvernement français ou aux crimes abominables de l’Etat sioniste.

En 1940, le révolutionnaire russe Léon Trotsky écrivait : « La tentative de résoudre la question juive par la migration des Juifs vers la Palestine peut maintenant être considérée pour ce qu’elle est : une parodie tragique pour le peuple juif. [...] Jamais il n’a été aussi clair qu’aujourd’hui que le salut du peuple juif est indissociable du renversement du système capitaliste. » [1]

Ces mots sont encore plus vrais aujourd’hui. Seule la lutte pour le renversement du capitalisme peut unir la classe ouvrière par-delà les barrières religieuses ou nationales. Ce n’est qu’en participant à cette lutte que les jeunes et les travailleurs juifs pourront combattre leurs véritables ennemis : les capitalistes, quelle que soit leur religion ou leur nationalité.

 

 [1] « Une seule voie de salut pour les Juifs »

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