Trump a été élu parce que des millions d’Américains ordinaires le voyaient comme le seul véritable candidat anti-establishment. Pourtant, sa coalition MAGA est désormais envahie par les figures les plus influentes de cet establishment : les ultra-riches, les dirigeants des plus grandes multinationales technologiques et les magnats du capitalisme mondial.

Ces individus ne se contentent pas d’exercer une influence politique. Contrairement aux élus, les milliardaires n’ont pas à séduire un électorat. Leur pouvoir ne se limite pas à leur immense fortune : ils contrôlent des secteurs entiers de la production et de la distribution à l’échelle mondiale.

Ces barons voleurs ont bâti leur fortune en exploitant les travailleurs qui ont voté pour Trump, sans parler de ceux d’autres pays. Ils appartiennent à la même classe qui a délocalisé l’industrie et précipité la chute du niveau de vie de nombreux Américains, uniquement pour accroître ses profits. Ironiquement, ce sont précisément ces figures que le slogan « Make America Great Again » prétendait combattre, et pourtant, Trump les a accueillies à bras ouverts. Parmi les douze personnes les plus riches du monde, dix sont des géants de la tech américaine, et nombre d’entre eux ont fait la fête avec Trump, que ce soit à Mar-a-Lago ou lors de son investiture.

Le libéralisme occidental est en train de mourir

Pourquoi en arrive-t-on là ? Ces milliardaires capitalistes ont compris que le libéralisme occidental est en train de mourir. À l’image de rats quittant un navire en train de sombrer, ils ont jugé que Trump était désormais l’homme du pouvoir. Pour eux, la priorité reste toujours la défense de leurs intérêts de classe. Une grande partie de leur fortune repose sur la valeur des actions des entreprises qu’ils dirigent, et cette richesse doit sans cesse croître sous peine de la perdre. C’est là l’origine de cette hypocrisie révoltante.

Avant l’ère MAGA, Mark Zuckerberg était considéré comme l’un des PDG les plus progressistes de la tech. En 2016, il a introduit le fact-checking sur ses plateformes, identifiant les « fake news ». Lorsque l’administration Biden lui a demandé de censurer certains contenus, il s’est exécuté—ce qui lui a valu des menaces de prison à vie de la part de Trump ! Il y a quatre ans, Zuckerberg a banni Trump d’Instagram et de Facebook. Durant la campagne présidentielle de 2024, lui et son épouse ont versé 400 millions de dollars en soutien à Biden et aux démocrates.

Aujourd’hui, Mark Zuckerberg a compris que pour préserver sa fortune, il devait se plier aux volontés de Trump—ce qui n’a pas manqué de flatter ce dernier. Il a ainsi supprimé le fact-checking, mis un terme aux initiatives symboliques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) chez Meta et s’est replié sur une posture de crétin borné.

Encore plus emblématique, Elon Musk s’est lui aussi soumis. Rappelons qu’il a soutenu Obama à deux reprises, Hillary Clinton en 2016 contre Trump, puis Biden en 2020. Mais après avoir vu Trump imposer se faire tirer dans l’oreille, Musk a vu la lumière et s’est converti au « dark MAGA ». Devenu le chouchou de Trump, il s’est investi activement dans sa campagne, dépensant plus d’un quart de milliard de dollars pour aider à l’élection de son nouvel ami.

Mais Zuckerberg et Musk ne sont pas les seuls. Jeff Bezos a empêché le Washington Post de soutenir Kamala Harris. Bill Gates s’est rendu à Mar-a-Lago et s’est dit « franchement impressionné » par Trump, qui prétendait vouloir lutter contre le VIH. Sergey Brin, septième fortune mondiale et cofondateur de Google, est passé de l’opposition aux politiques migratoires de Trump en 2017 à sa présence lors de sa seconde investiture. Son successeur, Sundar Pichai, a d’abord licencié un employé pour avoir critiqué les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion de Google, avant de renvoyer 28 salariés protestant contre le projet Nimbus, un contrat de 1,2 milliard de dollars avec Israël. Aujourd’hui, lui aussi soutient Trump. Au final, les intérêts de classe prennent toujours le dessus !

L’attrape-tout MAGA a une date d'expiration

Traditionnellement, les cérémonies d’investiture présidentielle se déroulent en plein air, avec des billets distribués gratuitement aux électeurs par les membres du Congrès. Mais pour sa deuxième investiture, Trump a choisi de la déplacer en intérieur en raison d’un froid inhabituel. La salle ne pouvant accueillir qu’environ 700 personnes, il a personnellement sélectionné les invités. Seuls les milliardaires, les politiciens et les médias ont eu accès à l’événement, tandis que ses partisans issus de la classe ouvrière ont été littéralement laissés à la porte.

Cette scène offre un aperçu saisissant de l’avenir. Trump a réussi à rassembler de nombreux travailleurs et capitalistes au sein de la coalition MAGA, mais une telle alliance interclassiste ne saurait durer indéfiniment. Les intérêts des milliardaires et ceux des travailleurs américains ordinaires sont fondamentalement opposés. Il est essentiel de rappeler que la fortune de ces élites repose entièrement sur l’exploitation de la main-d’œuvre. Il est probable que de nombreux partisans moins aisés de Trump soient déjà dégoûtés par la présence de ces milliardaires.

Lorsque le déclin du capitalisme deviendra une évidence, Trump fera porter le fardeau aux travailleurs. Cela risque de le discréditer aux yeux de millions d’électeurs qui l’ont soutenu par rejet du système politique traditionnel et par exaspération face à la montée du coût de la vie. Beaucoup d’entre eux finiront par abandonner leur casquette MAGA et chercheront une alternative pour renverser l’establishment. Si nous, les communistes, parvenons à gagner en visibilité, ces anciens partisans de Trump pourraient bien se tourner vers le drapeau rouge.

Notre revue

 
 

Copie de Ajouter un sous titre

Facebook