Le comportement de Musk a bien sûr suscité la condamnation de ses adversaires politiques capitalistes, qui l’accusent d’« ingérence étrangère » et de « diffuser de fausses informations ». C’est le summum de l’hypocrisie.
Elon Musk cherche à démettre le premier ministre britannique Keir Starmer de ses fonctions avant les prochaines élections.
Ce n’est que la dernière incursion de Musk dans la politique intérieure d’autres pays, alors qu’il tente de jouer les faiseurs de rois auprès des candidats de la droite populiste. Ces derniers mois, l’homme le plus riche du monde a écrit un éditorial soutenant le parti ultra-réactionnaire AfD pour les prochaines élections en Allemagne; s’en est pris aux gouvernements de l’Australie, de la Roumanie et du Brésil; et a tweeté pour soutenir Pierre Poilievre au Canada.
Son obsession du moment est la Grande-Bretagne. Lors des manifestations anti-immigrants qui ont eu lieu au Royaume-Uni l’été dernier, Musk a exprimé vocalement son soutien aux émeutiers et s’en est pris à la réaction du Parti travailliste au pouvoir, en tweetant : « La Grande-Bretagne est en train de devenir totalement stalinienne. » Après cela, Musk a entamé des discussions pour faire un don important à Reform UK, le véhicule politique du démagogue réactionnaire Nigel Farage, pour ensuite retirer son soutien lorsque Farage ne s’est pas prononcé en faveur du leader fasciste britannique Tommy Robinson. Et maintenant, il songe ouvertement à renverser un gouvernement démocratiquement élu.
Son comportement a bien sûr suscité la condamnation de ses adversaires politiques capitalistes, qui l’accusent d’« ingérence étrangère » et de « diffuser de fausses informations ». C’est le summum de l’hypocrisie.
La presse et les gouvernements bourgeois ne se gênent pas pour diffuser de fausses informations lorsque cela les arrange : il suffît de regarder la couverture médiatique du génocide israélien à Gaza pour trouver d’innombrables exemples.
Quant à l’« ingérence étrangère », les gouvernements capitalistes interviennent constamment dans les affaires d’autres pays. Cela est vrai à la fois pour les pays qu’ils dominent – comme le soutien aux tentatives de coup d’État au Venezuela – et pour leurs alliés supposés – comme le Parti travailliste britannique qui a soutenu les démocrates avant l’élection de Trump.
Musk n’a rien fait d’illégal. Il ne fait que partager ses opinions et dépenser son argent, comme le ferait n’importe quel autre capitaliste. Ce qui préoccupe ses homologues capitalistes en Europe, c’est qu’il le fait très publiquement et très maladroitement, en exposant publiquement le fonctionnement réel de la démocratie bourgeoise.
La démocratie est censée reposer sur le principe d’une personne égale une voix. En réalité, les travailleurs sont exclus des lieux de pouvoir de mille et une façons, tandis que les politiciens sont liés aux capitalistes par l’argent et des intérêts communs. La démocratie sous le capitalisme est le règne du capitalisme. Et c’est la forme la plus stable de règne du capitalisme : en permettant des élections et le transfert pacifique du pouvoir entre les partis, les masses peuvent exprimer leur mécontentement politique, tandis que le pouvoir réel reste entre les mains du Capital. Comme l’a écrit Friedrich Engels : « La richesse y exerce son pouvoir d’une façon indirecte, mais d’autant plus sûre. »
Mais cela ne fonctionne que si les travailleurs croient que leur vote compte. Elon joue un jeu dangereux, en sortant des coulisses pour montrer qui tire vraiment les ficelles.
Dans son éditorial publié dans le journal allemand Welt, Musk a écrit : « En tant que personne ayant réalisé des investissements importants dans le paysage industriel et technologique de l’Allemagne, j’estime avoir le droit de parler ouvertement de son orientation politique. » Il a l’argent, il a donc le droit de faire ce qu’il veut et de faire fi de toute autre considération.
Comme Trump, Musk ne fait que dire tout haut ce que les capitalistes pensent tout bas, démasquant l’imposture de la démocratie bourgeoise, et c’est pourquoi les membres intelligents de la classe capitaliste le détestent. En poursuivant ses propres intérêts mesquins, il sape les bases d’un régime bourgeois stable. Lorsque les travailleurs se rendront compte qu’il n’y a pas de solution dans la démocratie bourgeoise, ils chercheront une voie révolutionnaire.