Le 4 mai dernier à Bruxelles avait lieu la finale de la coupe de Belgique qui opposait le Royal Sporting Club d’Anderlecht au club de Bruges. Plus de 45 000 supporters ont fait le déplacement au Stade Roi Baudouin. Dès le début de l’après-midi, alors que le match n’avait pas encore commencé, plus d’une centaine de hooligans néo-fascistes du club de Bruges ont commis des attaques racistes (insultes, vandalisations, tabassages) contre des riverains du quartier de Ribaucourt à Molenbeek. En tout, plus de 80 personnes ont été prises en charge par les secours, dont 9 emmenées à l’hôpital, 61 arrestations administratives et 2 arrestations judiciaires ont eu lieu. Toutes proportions gardées, ces agressions racistes rappellent les ratonnades du siècle dernier envers les juifs, marquant ainsi une nouvelle étape dans la radicalisation raciste d’une partie de la population belge. Comment réagir collectivement à ces attaques ? Comment combattre l’extrême droite ? Ce sont autant de questions qui méritent qu’on s’y attarde.

Les habitants livrés à eux-mêmes, la police roupille

Ce qui frappe le plus dans cette histoire c’est certainement le manque de réactivité et de précaution de la police bruxelloise, elle d’ordinaire si rapide et efficace lorsqu’il s’agit d’arrêter les jeunes des quartiers quand ils se mobilisent ou lorsqu’il s’agit d’encadrer les manifestations de la gauche radicale (comme lors du premier mai alors que la manifestation s’est déroulée dans le calme).

Ainsi cette centaine de hooligans a pu se balader tranquillement dans les quartiers pauvres de Bruxelles pour aller insulter et tabasser des personnes d’origine étrangère alors qu’aux alentours du stade, un vaste dispositif de police était en place. Si la police aime se revendiquer neutre, dans les faits c'est deux poids, deux mesures.

Pire encore, lorsque les habitants se sont organisés à la hâte pour se défendre et s’en prendre en retour aux supporters de Bruges, la police a alors protégé le cortège de fascistes, procédé à des arrestations de jeunes durant quelques jours, et des violences policières ont été observées envers les Bruxellois.

Un traitement médiatique déplorable

Ne reculant devant rien pour maintenir leur réputation, les chiens de garde de la presse bourgeoise se sont empressés de condamner la « violence des groupes de jeunes » bruxellois plutôt que de dénoncer les provocations racistes, parlant de « bagarres » et renvoyant dos à dos les violences, avant de se raviser devant le tollé, pour certains d’entre eux.

Cette même presse qui, les jours suivants, s’est fait le relai des déclarations mièvres des politiciens des partis traditionnels qui condamnent les agressions, mais qui n’apportent ensemble aucune réponse pour éviter que ce genre d’attaques ne se reproduisent ou ne prennent un caractère de masse comme en Angleterre l’année dernière.

Le mouvement ouvrier organisé à un rôle à jouer

Le monde du football n’a pas toujours été autant empreint de racisme. Il y a eu historiquement de grands clubs de foot avec des supporters antifascistes qui militaient aux abords des stades pour empêcher que se développent des mouvements hooligans. Sous le franquisme en Espagne, les tribunes des clubs basques et catalans étaient des centres de politisation et de résistance. Des clubs comme le Celtics Glasgow soutiennent fièrement les luttes indépendantistes, sociales et anticolonialistes, tandis que les ultras inferno du Standard de Liège sont explicitement antifascistes, de même que le furent et le sont encore pour certains bien des clubs de supporters allemands, italiens, espagnols ou français. Ces initiatives naissent souvent en réponse à la radicalisation de supporters du même club à qui viennent s’opposer les supporters antifascistes organisés.

Antifa Glasgow

Cependant à mesure que la crise du capitalisme augmente, l’extrême droite gagne en soutien et en confiance. C’est avant tout là que résident les causes de ces attaques, mais le racisme et la prolifération des idées d’extrême droite trouvent aussi leur source quelque part : dans les cures d’austérité, dans la précarisation, la paupérisation, de couches toujours plus larges de travailleurs et de petits-bourgeois qui, en l’absence d’une alternative concrète et radicale de gauche qui résoudrait leurs problèmes, tombent alors dans le puits sans fond des idées réactionnaires.

La première réponse à ces attaques doit être une autodéfense populaire organisée immédiatement dans laquelle syndicats et associations peuvent jouer un grand rôle en appelant à la mobilisation rapide. Mais pour se débarrasser définitivement des ‘ratonnades’ et autres attaques fascistes, c’est toute la société qui doit être transformée en une société où des mesures socialistes sont appliquées. C’est la seule manière de couper l’herbe sous le pied d’une extrême droite démagogue qui, comme en Angleterre, surfe sur la frustration des Anglais qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. 

Au poison du racisme il est absolument nécessaire d’apporter un remède efficace sur le long terme. Ce remède ne peut être que la création d’une société davantage égalitaire où chacun a accès une vie digne. La lutte contre le racisme est indissociable de la lutte sociale.

La droite et l’extrême droite cherchent à nous diviser pour mieux régner, à leurs inepties nous opposons une solidarité de classe sans faille pour réussir un jour à faire appliquer un programme réellement anticapitaliste qui mettra en son cœur la satisfaction des besoins de chacun et permettra un vivre ensemble enfin digne des capacités de notre espèce.

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