Une plongée dans la réalité de la Belgique profonde, telle qu’elle est vécue par la population qui travaille (ou qui aimerait pouvoir le faire).
« Après des siècles d’esclavage, Le Belge sortant du tombeau, A reconquis par son courage, Son nom, ses droits et son drapeau. Et ta main souveraine et fière, Désormais peuple indompté, Grava sur ta vieille bannière : Le Roi, la Loi, la Liberté ! »
Confessons-le tout de suite, les hymnes nationaux, tout boursouflés de patriotisme conquérant, ont tendance à nous faire pisser de rire. Et La Brabançonne ne fait pas exception à la règle, loin de là !
Si ces mâles paroles figurent pourtant en tête de cet article, c’est que, depuis quelques mois, un vent de patriotisme souffle sur le pays. Ou plus précisément, ce vent est soufflé jour après jour, par la plus grande partie de nos élites politiques et médiatiques, du côté francophone mais aussi, dans une moins grande mesure, du côté flamand. Tout est occasion de sortir le drapeau et les couleurs noir-jaune-rouge. Albert 2 cède le témoin à Philippe 1, aux Joyeuses Sorties succèdent les Joyeuses Entrées, les Diables Rouges sont qualifiés pour la Coupe du monde, Stromae est le nouveau Jacques Brel, le Professeur Englert a reçu le prix Nobel de physique,... Si une nouvelle Sandra Kim (ou l’ancienne sortant du tombeau médiatique) pouvait gagner la prochaine Eurovision, la Belgique serait sans nul doute promise à un gigantesque orgasme national.
Toute cette exaltation de la famille royale et des réussites de notre beau pays, « certes petit mais si courageux et si riche en talents de toutes sortes » ne se limite pas aux domaines sportifs et culturels. Elle vient en fait couronner l’exaltation autour d’autres succès annoncés sur des terrains plus « sérieux » : le rétablissement économique progressif de la Belgique et la sortie de la récession, les succès politiques d’un gouvernement Di Rupo qui engrange réforme sur réforme et le recul de la N-VA dans les sondages.
Ce nouvel enthousiasme patriotique n’est plus réservé aux commentateurs sportifs, chez qui il est « biologiquement » inscrit dans l’ADN professionnel. Il est aussi décliné à longueur de colonnes et d’articles par les journalistes et les éditorialistes. Pour ne citer que deux exemples (il y en aurait des dizaines d’autres) tirés du Soir, on peut épingler les merveilleuses contributions de Christophe Berti à propos des Diables Rouges « L’équipe est séduisante, offensive, jeune, elle symbolise un pays qui gagne, qui compte, qui est regardé avec respect, voire admiration à l’étranger. Et, en temps de crise, ce n’est pas négligeable » (12 octobre) et de David Coppi « Di Rupo sur un nuage, dans une Belgique à l’unisson » (14 octobre)
Cet emballement d’optimisme belgicain repose-t-il sur une réalité solide, à un peu plus de six mois d’élections que tout le monde s’accorde à estimer « décisives » pour la stabilité et l’avenir du pays ? La question mérite d’être soigneusement examinée. Nous tenterons de le faire tout au long des prochaines semaines. Et pour commencer, le mieux est d’examiner si vraiment « la Belgique est en train de sortir de la crise » et si « la population commence à en ressentir les effets positifs ». Pour ce faire, nous vous proposons simplement de découvrir ce qu’écrivent ces mêmes journaux qui nous vendent, jour après jour, en première page la nouvelle euphorie belge.
Voici donc une plongée dans la réalité de la Belgique profonde, telle qu’elle est vécue par la population qui travaille (ou qui aimerait pouvoir le faire) et telle qu’on a pu la découvrir – une fois enlevées les lunettes roses – dans les pages de trois quotidiens belges francophones au cours des trois premières semaines du mois d’octobre.
Salaires bloqués et taux d’épargne au plancher
Commençons donc notre visite par les travailleurs les mieux lotis – ou les moins mal - à savoir ceux et celles qui ont un emploi et un salaire.
Suite aux décisions gouvernementales de ce début d’année, le blocage des salaires est effectif en 2013 et se poursuivra en 2014. Seules sont permises l’indexation et les hausses barémiques. Et après 2014 ? Rien n’est encore officiellement décidé. Mais le gouvernement Di Rupo a fixé pour 2018 un objectif de suppression du handicap salarial de la Belgique (du au fait que les salaires augmenteraient plus vite en Belgique que dans les pays voisins, l’écart actuel se situant à 16% selon les patrons et à… 0,5% selon les syndicats). Les libéraux rêvent d‘une nouvelle loi instaurant un nouveau mécanisme automatique qui bloquerait les salaires dès que la Belgique présenterait un handicap par rapport aux pays voisins. Le PS, sous la pression syndicale, y est opposé… mais nul ne sait ce que l’avenir post-électoral réserve après mai 2014. (Le Soir, 10 octobre)
Des salaires bloqués et un avenir incertain, voilà qui plombe la confiance et pousse à essayer d’épargner. Pas de chance ! Jamais les taux d’épargne n’ont été aussi bas.
Les taux d’intérêts sur les comptes d’épargne continuent de fondre. La BNP Paribas Fortis et Belfius viennent d’annoncer une nouvelle baisse de ces taux. Les comptes d’épargne traditionnels des grandes banques (qui représentent 70% du marché) « offrent » aujourd’hui un rendement de 0,75% - soit nettement moins que la hausse annuelle du coût de la vie. (Le Soir, 23 octobre)
Le burn-out menace
Ce boulot, encore faut-il être capable de le conserver. Ce qui est de plus en plus difficile. Pas seulement à cause de la menace des licenciements mais aussi parce que, pour de nombreux travailleurs, la pression ressentie chaque jour au boulot grandit, à cause d’une (ré)organisation du travail de plus en plus contraignante et stressante.
L’Organisation Mondiale de la Santé considère que le stress est devenu la principale cause d’incapacité de travail. Qu’en est-il chez nous ? 1% de la population active est en incapacité de travail reconnue médicalement comme étant causée par le burn-out. Mais ce n’est là que la pointe visible de l’iceberg. Des chercheurs des universités de Liège et de Gand ont mené une enquête approfondie sur le sujet, mettant en lumière trois critères constitutifs du burn-out : l’épuisement émotionnel, un changement d’attitude par rapport au travail et un sentiment d’inefficacité ou d’incompétence. Il en ressort que 40% des travailleurs disent ressentir le premier critère et que 15 à 20% se plaignent des trois critères à la fois. Ce qui veut dire qu’au moins un travailleur sur six vit une situation professionnelle qui risque de le faire plonger. (Le Soir, 22 octobre)
Le travail intérimaire « durable »
Avoir un emploi et un salaire stables n’est évidemment plus la norme en Belgique (et ailleurs). Toute une couche de travailleurs n’a qu’un travail « par intermittence ». L’intérim est une de ces formes de travail qui a connu un énorme développement au cours de la dernière décennie. C’est une des meilleures illustrations de la façon dont le capitalisme considère le travailleur comme « variable d’ajustement »… ou comme un « kleenex ». Avec une nette évolution ces dernières années : une partie des patrons sont passés du « On a un trou à combler, on prend un intérimaire » à « Une grande partie du travail peut être faite par des intérimaires interchangeables et licenciables au gré des fluctuations du marché ».
Une étude récente des universités de Leuven (KUL) et de Bruxelles (ULB) reposant sur l’interview de 3.000 intérimaires montre que l’intérim n’est pas un tremplin vers un emploi fixe : 38% des répondants font constamment des missions d’intérim depuis le début de leur carrière et 35% par intermittence. Cette situation ne concerne pas que des jeunes pour qui l’intérim est aujourd’hui le premier contact obligé avec le marché de l’emploi. Plus d’un tiers des répondants de la tranche d’âge des 31 à 45 ans déclarent faire constamment des missions d’intérim. Moins d’un tiers (31,8%) s’est vu proposer un emploi stable dans l’entreprise utilisatrice à la fin de leur mission.
Par contre, les pressions patronales pèsent lourdement sur tous les intérimaires. Près de la moitié ont déjà été travailler alors qu’ils étaient malades par crainte de perdre leur emploi, et beaucoup se plaignent des discriminations en matière de salaires, de chèques-repas et de jours de congé compensatoires, sans compter les intimidations, violences verbales et comportements humiliants. Le caractère aléatoire du salaire lié au travail intérimaire rend très difficile, voire impossible, l’obtention d’un crédit, la gestion du budget et la location d’un logement. (Le Soir, 9 octobre)
Les licenciements collectifs explosent
Des travailleurs à boulot intermittent, on passe tout naturellement aux travailleurs qui perdent purement et simplement leur boulot. A la masse des emplois qui disparaissent silencieusement un par un ou poignée par poignée au gré des restructurations, s’ajoute ces derniers mois une forte progression des licenciements de groupe.
Les licenciements collectifs explosent depuis le début de 2013. Concrètement, sur les neuf premiers mois de l’année, 103 entreprises ont annoncé leur intention de procéder à un licenciement collectif. Pour la même période du 1er janvier au 30 septembre, elles n’étaient que 70 en 2012 (soit une augmentation de 47%). Ces 103 procédures de licenciement collectif concernent 7.691 travailleurs, contre 6.482 en 2012 (+18,7%) et 4.659 en 2011 (+65%).
D’où viennent tous ces licenciements ? Tout d’abord des plans de restructuration de deux géants de l’emploi en Wallonie : ArcelorMittal et Caterpillar, qui ont annoncé en début d’année le licenciement de 1.300 travailleurs chacun. En juin, il y a eu la seconde vague de licenciements collectifs consécutifs à la fermeture de Ford Genk. Et en septembre, ce sont Tenneco Automotive Europe, Danone, Media Markt Saturn et TNT Express qui ont lancé de nouvelles procédures. Les secteurs globalement les plus touchés sont avant tout le métal (1.321 travailleurs) et la transformation du métal (2.847 travailleurs). Suivent la distribution et le transport.
Voilà pour les annonces. Mais c’est loin d’être tout. Car, pendant cette même période, le nombre de procédures de licenciements collectifs qui se sont terminées a, lui aussi, explosé et avec encore plus de force. Pas moins de 100 entreprises ont achevé leur plan durant ces neuf mois, envoyant 11.613 travailleurs au chômage, soit deux fois plus qu’en 2012 (5.651) et quatre fois plus qu’en 2011 (3.942). C’est là le résultat des restructurations entamées en 2012, notamment chez Ford Genk et ses sous-traitants, Duferco et NMLK. (La Libre, 16 octobre)
Il n’y a pas que l’industrie qui trinque
Même si l’emploi industriel est au cœur de la tourmente, d’autres secteurs sont aussi touchés en profondeur.
Le secteur bancaire a perdu 23.000 emplois et 2.700 agences en dix ans. Et la saignée n’est pas finie. Les plans d’économies des grandes banques - ING, BNP Fortis, Belfius - devraient entraîner la liquidation de 4.000 à 5.000 nouveaux emplois d’ici 2016. (Le Soir, 11 octobre)
Et les effets de la crise commencent à se faire sentir dans des secteurs jusqu’ici relativement protégés.
Les communes doivent faire face à une série d’augmentations de coûts, en particulier celui de l’énergie. Les récentes réformes au niveau fédéral ont aussi envoyé vers les communes une série de coûts supplémentaires, notamment en matière de police et de services de secours. Le nombre d’habitants qui ont recours aux aides des CPAS est lui aussi en augmentation constante. Pour compenser, la très grande majorité des communes ont augmenté les taxes (précompte mobilier et impôts des personnes). Avec un paradoxe : plus les habitants sont pauvres, plus l’aide sociale pèse lourd dans le budget et (à taux égal) moins les taxes rapportent (puisqu’un logement vétuste s’accompagne d’un bas revenu cadastral et que des bas revenus se traduisent par des montants d’impôts plus faibles). Dès lors, pour garder la tête hors de l’eau, ce sont les communes pauvres qui doivent taxer le plus leurs habitants ! (La Meuse, 14 octobre)
De plus, les nouvelles réglementations européennes qui imposent l’équilibre budgétaire aux Etats et aux régions ont aussi un effet sur les communes. Comme les dépenses dites « de transfert » (police, CPAS, pompiers,….) sont en pleine augmentation, c’est maintenant l’emploi qui commence à trinquer : non remplacement de travailleurs partant à la pension, fermeture de services jugés non essentiels (et peu subsidiés), voire licenciements secs,… (La Meuse, 23 octobre)
Le chômage atteint à nouveau des sommets
En conséquence de tout ceci, le chômage atteint à nouveau des sommets, un problème que le gouvernement et l’ONEm entendent régler en multipliant les exclusions.
Le dernier bilan dressé par l’Office national de l’Emploi fait état de 433.824 chômeurs complets indemnisés début août. C’est 23.520 de plus qu’il y a un an, soit 5,7% d’augmentation. La Banque nationale note, pour sa part, que le chômage n’a jamais été aussi élevé ces dix dernières années qu’il ne l’est aujourd’hui, avec 8,7% de la population active recensés sans emploi en août (contre 8,2% en janvier). Le chômage des jeunes atteint pour sa part 23,8%, soit 3,4% de plus qu’il y a un an. (La Libre, 15 octobre).
En Wallonie, il y a 190.645 demandeurs d’emploi complets indemnisés. Parmi eux, 93.343 (soit quasiment la moitié) sont considérés comme « chômeurs de longue durée », c’est-à-dire qu’ils n’ont plus travaillé depuis deux ans (juin 2011). Ils sont aussi 33.835 à chômer depuis 2 à 4 ans, 26.719 à chômer depuis 5 à 8 ans… et 33.688 (soit 17,6% !) à chômer depuis plus de 8 ans. Le nombre de chômeurs de longue durée continue à augmenter, puisque les patrons ont devant eux un « stock » grandissant de chômeurs et qu’ils donnent la priorité à ceux qui sont arrivés récemment sur le « marché du travail ». Ce qui n’empêche nullement les « chômeurs de longue durée » de devoir suivre des formations, envoyer des candidatures et répondre aux convocations de l’ONEm sous peine de se faire exclure par celui-ci. (La Meuse, 2 octobre)
A ce propos, 1.854 chômeurs ont été exclus des allocations en 2012 Et il y en aura beaucoup plus en 2013. Car l’ONEm a mis le paquet (notamment en embauchant du personnel). Au premier semestre 2013, l’ONEm a sanctionné 14.008 chômeurs contre 10.655 pour la même période l’an dernier, soit une hausse de 31%. Et ceci ne concerne que les sanctions administratives infligées pour « non respect de l’obligation de chercher un travail ». (La Meuse, 2 octobre).
De même l’ONEm a augmenté ses contrôles vis-à-vis des fraudes aux situations familiales des chômeurs, avec 23.025 enquêtes réalisées l’an dernier contre 11.851 en 2011. Le nombre d’infractions constatées (4.422) a lui été multiplié par sept. (Le Soir, 4 octobre)
De plus en plus de minimexés
La multiplication des sanctions et des exclusions par l’ONEm conduit des milliers de personnes à se tourner vers le CPAS – et le pire est à venir.
Le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale (accordé notamment aux exclus du chômage) est lui aussi en augmentation continue. Il atteint 98.427 bénéficiaires à la fin du premier trimestre 2013, soit 2,2% de plus que l’an dernier. Ce nombre devrait continuer à augmenter tout au long de 2013 et 2014… et exploser à partir du 1er janvier 2015 avec le début de l’application de la limitation des allocations d’insertion dans le temps qui va pousser des milliers de jeunes de la case chômage à la case CPAS. Et, entretemps, le renforcement de la dégressivité des allocations de chômage va amener de plus en plus de chômeurs au budget raboté à se tourner vers le CPAS dans l’espoir d’obtenir un complément. (La Libre, 15 octobre).
Le revenu d’intégration est actuellement de 817,36 euros par mois pour une personne isolée et 1089,82 euros pour une famille. Or, le seuil de pauvreté est fixé à 1.000 euros pour un isolé et 2.100 euros pour une famille de deux parents avec deux enfants. Comme le revendique le réseau flamand de lutte contre la pauvreté, Netwerk tegen Armoede, « il faut relever les montants du revenu d’intégration. Une indexation de 20% des revenus de remplacement coûterait 1,5 milliard d’euros. C’est faisable. Par comparaison, la déduction des intérêts notionnels pour les entreprises a coûté 6 milliards d’euros par an au gouvernement fédéral » (La Libre, 14 octobre)
Une pauvreté ravageuse
Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, il n’y pas que les minimexés et certains chômeurs qui sont pauvres. La catégorie des travailleurs pauvres est en pleine expansion, ce qui se comprend aisément au vu de l’extension du travail à temps partiel, intérimaire ou en noir.
A l’occasion de la journée de la pauvreté le 17 octobre, une récente étude de l’Institut Wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique (IWEPS) a jeté un éclairage sur la pauvreté dans le pays. Sur base des seuils de pauvreté actuels, la Belgique compte 15,3% de pauvres, ce qui la place dans la moyenne européenne.
Mais les disparités régionales sont fortes. Ainsi, ce pourcentage est de 9,3% en Flandre, 19,2% en Wallonie et 33,7% à Bruxelles. Ce qui place Bruxelles dans un classement des pays européens derrière la Slovaquie, l’Italie, la Pologne, la Grèce et Chypre et juste devant la Croatie et la Lituanie. Pire encore, le pourcentage d’enfants vivant dans la pauvreté est encore plus élevé que celui des adultes : 25% en Wallonie et 40% à Bruxelles.
Que signifient concrètement ces chiffres ? Et bien, par exemple, que 38% des Wallons et 47% des Bruxellois sont incapables de faire face à une dépense de 1.000 euros et donc n’ont aucune possibilité de se construire une épargne minimale. Que 10% des Wallons et 16% des Bruxellois ne peuvent pas chauffer leur logement. Et qu’un Wallon sur 10 est endetté - et pas juste à cause de l’achat d’une télévision à écran plasma comme on l’entend souvent dire, mais pour des besoins de base (arriérés de paiement pour le loyer, le chauffage, l’électricité, les soins de santé,…). (Le Soir, 17 octobre)
Preuve de ceci : l’an dernier, les coupures d’électricité ont augmenté. 6.447 coupures d’électricité ont été opérées en 2012 ; 12% de ménages supplémentaires ont été privés d’énergie par rapport à 2009. (La Meuse, 16 octobre)
Et le tableau ne serait pas vraiment complet si on oubliait de mentionner que les Banques Alimentaires, dans leur dernière campagne pour lever des fonds, signalent qu’« il y a en effet, dans notre pays, plus de 120.000 enfants, adultes et personnes âgées qui sont tellement pauvres qu’ils n’ont pas assez à manger et qu’ils doivent dès lors faire appel aux banques alimentaires ! Et ce nombre augmente chaque jour ! ». (Dépliant de la Fédération belge des Banques Alimentaires, 16 octobre)
Antidépresseurs et euphorie
Rappelons que tout ceci n’est qu’un petit résumé de nouvelles glanées dans la presse francophone durant les trois premières semaines du mois. Mais reconnaissez cela suffit amplement à dresser un tableau extrêmement différent du discours exaltant le nouveau « miracle belge ».
Un dernier point : si, au cours de cette lecture pas très folichonne, vous avez avalé un petit antidépresseur avant de poursuivre, ne vous inquiétez pas trop : vous n’êtes pas le seul. L’Inami vient d’annoncer que près de 283 millions d’antidépresseurs ont été consommés en Belgique l’an dernier. Soit 775.121 doses par jour. Ou un peu moins de 26 cachets par an et par habitant, bébés compris. C’est un nouveau record. Dans un pays où - on vient de le voir - la pression au travail, le chômage, la précarité, la pauvreté et les craintes pour l’avenir ne cessent d’augmenter, l’utilisation d’antidépresseurs a augmenté de 45% entre 2004 et 2012. (La Meuse, 17 octobre)
Mais ce n’est sans doute pas uniquement à cause d’une utilisation professionnelle incontrôlée d’antidépresseurs qu’on peut expliquer pourquoi une grande partie des médias tentent de nous vendre la vision euphorique d’une Belgique sortant de la crise…
Article repris du site www.avanti4.be