« Il faudrait donner une vraie structure au mouvement pour viser encore plus large »
Révolution : Peux-tu brièvement te présenter et expliquer comment et pourquoi tu t’es impliqué dans les grèves pour le climat ?
Aubry : J'ai commencé les manifs climat car j'en avais marre que le gouvernement reste sans rien faire face au réchauffement climatique. Ils savent d'où vient le problème : les multinationales dirigent tout, en premier lieu l'économie et donc aussi l'écologie. Mais ils n'agissent pas, car ça les arrange bien. J'ai toujours été très investi dans beaucoup de causes sociales, et le social et l'écologie ont le même ennemi, le capitalisme
Révolution : A ton avis, quelles étaient les forces et les faiblesses du mouvement ?
Aubry : D'après moi, un des principales forces du mouvement a été sa grande médiatisation, qui a permis de sensibiliser beaucoup de jeunes et d’amener beaucoup de personnes à s'engager dans des actions, à s'investir dans l'écologie, dans le social etc. Tout le monde en Belgique a entendu parler du mouvement de grève pour le climat ; cela a dû pousser beaucoup de jeunes à la réflexion sur le système. Concernant les défauts du mouvement : d'après moi, il n'a pas été assez loin. Il visait une loi climat, mais face au minotaure capitaliste, une loi pour réduire légèrement les émissions de gaz à effet de serre ne changera pas grand-chose. C'est beau de penser à de petites actions « simples », mais je ne me voile pas la face, dans cette société, il faut un changement plus radical pour arriver à quelque chose de concret.
Révolution : Qu’est-ce que ces luttes t’ont apporté ?
Aubry : Ces luttes m'ont permis de rencontrer des gens motivés et investis dans plein de causes justes, et de m'intéresser, de me documenter de plus en plus sur la politique et le système en lui même.
Révolution : Comment vois-tu la rentrée ?
Aubry : D'après moi, les grèves reprendront comme l'année dernière vers le début de l'année scolaire, mais si Y4C ne vise pas plus haut, je pense que le mouvement risque de s'essouffler petit à petit. C'est pour cela que, d'après moi, il faudrait donner une vraie structure au mouvement pour viser encore plus large
Révolution : Y4C, à travers un entretien donné par Anuna De Wever, vient de présenter sa stratégie et ses objectifs pour la rentrée : faire grève une fois par mois, mais, surtout, s’adresser au monde des entreprises, vu l’inertie du monde politique. Il s’agirait d’aider les entreprises qui le souhaitent à atteindre la neutralité carbone et de s’engager avec l’initiative Sign for Future. Qu’en penses-tu ?
Aubry : Comme je l'ai dit avant, la cause de Y4C est juste, et aider les entreprises à diminuer les émissions de carbone serait bon, mais le problème vient du fait que ce sont ces mêmes entreprises qui dirigent le système, et pour le capitalisme, la priorité restera toujours le profit.
Révolution : Plus loin dans l’entretien, Anuna De Wever indique : "Je veux que le climat devienne une priorité pour chaque parti. Le Vlaams Belang et la N-VA doivent également devenir des leaders climatiques.". Tu te reconnais dans cette démarche ?
Aubry : Le problème avec les partis traditionnels, c'est qu'ils n'ont pas de vraie politique de changement, et le climat et la justice sociale vont de pair puisqu'ils affrontent le même ennemi, le capitalisme. On ne peut donc pas demander à des partis d'extrême droite d'agir contre ce qu'ils soutiennent. Pour que le climat devienne une véritable priorité, il faut un vrai changement.