L’O.C.R., comme d’autres organisations de la solidarité avec la Palestine, utilise le terme de génocide de façon adéquate depuis le début. Si tant d’encre a coulé autour de l’emploi ou non de ce terme, c’est que selon le droit international lorsqu’un génocide est commis quelque part, toute personne ou Etat disposant des moyens nécessaires pour l’empêcher est tenu de le faire sous peine de poursuite. Nous marxistes savons très bien que les masses de travailleurs ont tous les moyens potentiels à leur disposition pour empêcher ce génocide (ou les autres) et qu’il n’y avait aucune raison d’attendre plus longtemps pour s’organiser et agir. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis le 7 octobre. La déferlante de propagande bourgeoise qui visait à légitimer Israël dans ses actions meurtrières s’est effritée jour après jour. Aujourd’hui, il devient de plus en plus clair que les perspectives marxistes concernant la situation et les solutions dans la région s’avèrent être les bonnes.
Battre les hypocrites avec le coin rouge
Une des choses qui ressort le plus des mois et des années qui viennent de s’écouler est l’hypocrisie flagrante de la classe dirigeante occidentale. Pendant des mois, elle n’a cessé de minimiser le sort des Palestiniens. Difficile d’oublier d’ailleurs que Georges-Louis Bouchez a expliqué sans sourciller, lors d’un débat à Louvain-la-Neuve en mars 2025, qu’utiliser le terme de génocide pour parler de Gaza relevait « d’une forme d’antisémitisme ». En réalité, un nombre impressionnant de personnalités de droite sont allées dans ce sens durant plus d’un an sans relâche sur tous les plateaux de radio, de télé, dans la presse... Brouillant ainsi les pistes pour tenter d’empêcher les travailleurs et syndicats de se mobiliser pour Gaza. Cela n’a pas réussi, comme l’ont montré les nombreuses manifestations pour la Palestine.
Maintenant qu’un nombre toujours plus grand de dirigeants politiques dans le monde et même l’ex-numéro 2 du Mossad, Amiram Levin, dénoncent un génocide à Gaza, une question s’impose : existe-t-il un endroit assez reculé sur Terre pour que Georges-Louis Bouchez, Bart De Wever et tous ces négationnistes en herbe puissent réussir à cacher toute l’historique de leurs propos honteux ?
Les travailleurs des ports, des aéroports, des fabriques d’armes ont déjà montré maintes fois à quel point ils et elles jouaient un rôle décisif dans l’acheminement de matériel militaire. Mais aussi dans le transport de personnes poursuivies et recherchées pour complicité de crime de guerre comme à l’aéroport national de Zaventem en ce moment où les bagagistes boycottent des vols vers Tel Aviv.
La nécessité de motiver et de coordonner l’action ouvrière
Maintenant il est l’heure, comme nous le répétons depuis le début de la guerre, de coordonner toutes ces actions à l’échelle nationale et internationale pour empêcher physiquement la machine génocidaire israélienne d’opérer.
Si le blocage de deux entreprises d’armement par plus de mille activitstes le 23 juin de Stop Arming Israel[1] a permis de médiatiser considérablement le fait que des entreprises présentes en Belgique sont directement complices de génocide, il n’en reste pas moins que la portée de telles actions est vraiment temporaire et ne rencontre malheureusement pas tous ses buts. Pour que ces actions puissent être efficaces, l’idéal est que le blocage soit le fruit d’une dynamique interne à l’entreprise, émanant des travailleurs concernés eux-mêmes.
Dans l’émergence de cette dynamique, les syndicats devraient jouer un rôle plus important selon nous. Tout le monde se souvient que le gouvernement israélien, juste après le 7 octobre, a montré les images de l’attaque du Hamas lors d’une séance spéciale de diffusion à l’Assemblée nationale française et devant des parterres de journalistes à travers le monde, qui en sont sortis marqués et qui ont de suite relayé tous les éléments de propagande de l’armée israélienne dans les médias.
Nous sommes persuadés que si les syndicats montraient les images de la famine qui sévit à Gaza, qu’ils exposaient les chiffres réels sur les morts, les enfants mutilés, les détails de la souffrance des Palestiniens à Gaza, dans les usines, dans les entreprises en question, bref s’ils montraient ce que les médias bourgeois ne montrent pas aux travailleurs de ce secteur, ceux-ci comprendraient bien davantage qu’ils et elles ne veulent pas prendre part à un génocide, ni de près, ni de loin. Pour l’instant, la FGTB et la CSC se focalisent sur une campagne de signatures visant à mettre la pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il prenne des sanctions. Mais nous ne pouvons leur faire confiance. Il s’agit d’une mauvaise priorité. Comme disent les bagagistes de l’aéroport national: “le gouvernement pleurniche, les travailleurs, eux agissent”.
Quelles solutions pour la région ?
Après bientôt 2 ans de tergiversations inutiles, les dirigeants de certains pays du G7, confrontés à la barbarie des forces armées israéliennes, mais surtout aux sondages réalisés auprès de leur population (qui réclame des sanctions[2]), se mettent ainsi à parler de reconnaître la Palestine. La “reconnaissance de la Palestine” ne représente pas une reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Il s’agit plutôt de mettre en avant une ‘solution à deux états’, qui est une fausse voie vers l’émancipation des Palestiniens. C’est une nouvelle tromperie de la part de ces gouvernements. Les mêmes qui à un moment assuraient qu’ils avaient bel et bien interdit l’envoi de matériel militaires vers l’Etat sioniste, pendant que les plaintes et les scandales s’accumulaient pour mettre au jour la triche et les mensonges des entreprises et les leurs[3] [4]. On ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas. Les entreprises privées ont bravé les interdictions car elles en ont les moyens et qu’elles gagneront bien plus d’argent en le faisant, même si des amendes sont à régler pour pouvoir continuer.
Au-delà d’une reconnaissance trompeuse de la Palestine, c’est la question du système économique et de qui contrôle la production des richesses et l’oriente, qui devrait être au centre de tous les débats concernant les guerres et les génocides. Tant qu’une minorité de capitaliste pourra faire du profit lors d’aventures coloniales, néocoloniales, impérialistes, ce seront toujours les travailleurs qui se verront présenter l’addition et qui souffriront de la pire manière lors des bombardements.
Nous n’avons rien à gagner dans l’augmentation des conflits entre Etats, nous n’avons rien à gagner également à laisser les multinationales et la classe capitaliste orienter les recherches des universités (elles aussi complices de génocide[5]) vers l’optimisation des machines de mort militaires. Si nous les laissons faire, nous risquons d’y laisser bien plus que ce que les Palestiniens ont déjà perdu.
La seule « guerre » à laquelle la classe des travailleurs doit prendre part, est la guerre à la guerre, càd la guerre contre la classe des possédants, des vendeurs d’armes, des profiteurs de ces conflits. Pour les exproprier et gérer collectivement et démocratiquement cette production, pour la tourner vers l’intérêt commun de l’Humanité.
À Gaza, au Moyen Orient, comme ici en Occident, il est de plus en plus urgent de faire advenir des fédérations de pays socialistes qui mettront la coopération et le bien être de leur population avant les profits et les privilèges de tous ces parasites impérialistes.
[1] https://www.facebook.com/reel/511260178678090
[2] https://www.lesoir.be/691918/article/2025-08-07/les-trois-quarts-des-flamands-estiment-quisrael-commet-un-genocide-gaza
[3] https://www.lalibre.be/dernieres-depeches/2025/06/26/une-plainte-contre-fedex-pour-des-cargaisons-suspectes-a-destination-disrael-6WJLZTYHEBCTVAFFEVZKIJ7ERE/
[4] https://www.rtbf.be/article/l-etat-belge-attaque-en-justice-par-un-collectif-d-associations-pour-inaction-face-au-genocide-a-gaza-11577108
[5] https://marxiste.be/index.php/belgique/1298-liens-avec-l-armee-israelienne-l-umons-a-menti-a-ses-etudiants