Les négociations interprofessionnelles en vue de conclure un AIP (accord interprofessionnel)  ont longtemps représenté la clef de voute de la concertation sociale. En effet, c’est à ce niveau que l’on négocie les normes socio-économiques applicables à l’ensemble des secteurs privés cela afin de pousser les secteurs faibles et de prévenir la constitution de secteurs poubelle où les conditions salariales seraient exécrables. Ces AIP sont négociés au sein du groupe de dix qui réunit les syndicats et les organisations patronales. 


Lors des négociations, les partenaires sociaux (qui devraient être adversaires sociaux) peuvent aborder tous les sujets qu’ils jugent important de traiter au niveau interprofessionnel. Toutefois, une loi datant de 1996 leur impose de négocier la norme salariale maximale autorisée pour les négociations sectorielles.

Or, aujourd’hui, le gouvernement impose un gel des salaires pour deux c’est-à-dire qu’il n’y aura aucune augmentation salariale durant ces deux prochaines années. Ainsi, le gouvernement retire le cœur même des négociations et rompt le compromis social-démocrate qui prétend défendre à la fois les intérêts du Capital et ceux du Travail. Les conséquences de cette atteinte au système de concertation interprofessionnelle sont évidentes : la conclusion d’AIP  est quasiment impossible. D’ailleurs la FGTB a déjà quitté, une première fois, la table des négociations mais s'est empressé  d’y retourner tellement une autre attitude lui parait impossible. Mais sous la pression de la base cette situation peut se renverser à tout moment. En effet, la manifestation du 21 février avec 40.000 travailleurs dans les rues de Bruxelles est l'expression de cette tension interne aux syndicats. Les conséquences de l’absence d’AIP sont claires et révèlent la stratégie bourgeoise du gouvernement,  car sans AIP, le gouvernement va imposer de manière unilatérale les normes interprofessionnelles avec évidemment des salaires ridicules.

Cette stratégie bourgeoise va plus lion et dépasse le simple problème des AIP car le gouvernement va modifier la loi de 1996 sur les augmentations salariales en introduisant deux contraintes funestes pour l’avenir des travailleurs belges à savoir qu’ il n’y aura pas d’augmentation salariale si :
-    L’évolution des couts salariaux constatée au cours des deux années précédentes en comparaison avec les pays de référence n’est pas favorable
-    L’évolution prévue des couts salariaux pour les années suivantes dans les pays de références n’est pas favorable.

En d’autres termes, les salaires ne sont pas gelés pour deux ans mais pour une durée indéterminée et cela jusqu’à ce que le salaire belge ne soit au même niveau que celui de l’Allemagne, la Pologne  et les autres pays de références. Par exemple, en Allemagne il n’existe pas de salaire minimum, pas d’indexation, 7 millions de mini-emplois à 400 euros par mois, 15 % de pauvreté. Entre 2000 et 2010, le salaire annuel moyen n’a crû que de 1% en Allemagne ! Pires, les salaires les plus faibles ont chuté de 16 à 22% (salaires nets réels).

Selon les calculs de la Centrale Générale de la FGTB, les travailleurs vont perdre une marge d’augmentation salariale de 40 euros par mois 500 euros par an, comme résultat du chipotage sur l’index et le gel des salaires.

En résumé, la concertation sociale n’est qu’une illusion car le gouvernement de coalition, entre les partis bourgeois et ceux issus du mouvement ouvrier (PS et Spa), se permet de modifier les règles de ces concertations afin que jamais le prolétariat n’acquière un vrai pouvoir décisionnel. Ce gouvernement mène une politique fondamentalement en faveur de la bourgeoisie. 

C’est comme si lors d’un match de foot l’arbitre modifiait les règles pour que jamais l’équipe des travailleurs ne gagne.
Nous sommes bien dans une dictature bourgeoise où le Capital écrase le prolétariat et alimente ainsi l’exploitation de l’homme par l’homme.

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